(Terrebonne) Le policier lavallois Maxime Ouimet, qui ne croit pas à la pandémie et promettait de démissionner avec fracas en remettant son badge et son pistolet à son lieutenant en direct sur Facebook vendredi, s’est placé dans un imbroglio juridique entourant son statut d’emploi. Peu après qu’un incendie d’apparence criminelle eut touché un de ses commerces jeudi soir, il a fait une demande de congé de maladie plutôt que de remettre sa démission.

Le policier, qui est actuellement cité en déontologie policière pour une plainte remontant à 2018, a été confiné à des tâches administratives par le Service de police de Laval mercredi, après qu’il eut publié sur Facebook un long billet dans lequel il soutenait que la crise sanitaire était une « arnaque » et une « mascarade du gouvernement ».

Il est rapidement devenu la nouvelle coqueluche du mouvement antimasque sur Facebook, publiant sous le pseudonyme « Policier du peuple pour le peuple » différents billets dans lesquels il se dit notamment « victime de corruption et de manipulation de la vérité ». Il affirme par ailleurs que les médias d’information sont « contrôlés par le gouvernement » et cherchent à le discréditer.

Ses sorties publiques ont été vivement dénoncées par le Service de police de Laval, qui affirme que ses propos ne représentent en rien ceux de ses confrères. Malgré ses déclarations publiques rejetant la gravité de la pandémie, M. Ouimet a récemment demandé un congé sabbatique d’un mois à son employeur pour protéger sa famille de la COVID-19, selon le chef de police Pierre Brochet.

« La Ville de Laval a officiellement accepté sa démission en date du 8 octobre, et celle-ci était en vigueur le jour même », a affirmé vendredi soir la porte-parole du Service de police de Laval, Geneviève Major.

Démission démentie

Or, M. Ouimet dément avoir démissionné, puisqu’un incendie d’apparence criminelle survenu à son commerce de soins esthétiques de Terrebonne, peu avant minuit jeudi, a changé ses plans. « Je n’ai pas remis ma démission [à la suite de] cet incendie, car j’ai dû m’occuper du commerce », explique-t-il dans un échange de textos avec La Presse.

« Officiellement, je n’ai rien signé et je n’ai pas eu le temps de démissionner », ajoute-t-il, précisant que le Service de police de Laval « n’accepte pas [son] billet du médecin ». Il dit n’avoir jamais reçu de menace de qui que ce soit. Le Service de police de Terrebonne a pris l’enquête en charge et tente d’éclaircir les circonstances entourant l’incendie.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

« Les dommages causés par le feu ainsi que par le déclenchement du système de gicleurs se limitent principalement à l’intérieur du commerce », a affirmé le Service de police de Terrebonne, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

M. Ouimet ajoute que son dossier l’opposant au Service de police de Laval sera « sans doute » pris en charge par Stéphane Blais, le président de la Fondation pour la défense des droits et libertés du peuple, organisme sans but lucratif créé en mai afin d’intenter des actions contre le gouvernement et ses mesures sanitaires. Cette Fondation a organisé depuis juillet plusieurs manifestations antimasques à différents endroits au Québec.

M. Blais n’a pas donné suite à notre demande d’éclaircissement au sujet des affirmations de Maxime Ouimet.

Le bureau du Commissaire à la déontologie policière du Québec confirme qu’il est cité à comparaître pour une affaire remontant à 2018, à une date qui n’a pas encore été fixée. « Il a une citation contre lui. Donc ça veut dire que la plainte a fait tout le processus et que c’était suffisamment grave pour qu’il y ait une citation », indique la porte-parole Marie-Ève Bilodeau.

La Presse n’a pas été en mesure de connaître la teneur de la plainte. En principe, seuls le chef de police et le policier visé par la plainte en connaissent les détails à ce stade. « Pour qu’il y ait citation, il faut qu’il y ait une prépondérance de preuve pour démontrer le comportement dérogatoire du policier, ce qui n’est pas toujours facile. Quand le commissaire décide de citer un policier, c’est qu’il a suffisamment de preuves, et que c’est suffisamment grave pour qu’il y ait une sanction, précise Mme Bilodeau. Donc on a jugé que la plainte était assez préoccupante pour qu’il y ait une citation. »