Après avoir commis un vol dans une banque, Alain Ste-Marie a trouvé refuge dans un appartement inoccupé et a manipulé sur place une bouteille de rhum et bu une cannette de Schweppes qui l’ont trahi, car son ADN y a été trouvé.

Ces détails dignes d’un film ont été racontés par le procureur de la poursuite, MPhilippe Vallières-Roland, lors de sa déclaration d’ouverture au procès devant jury d’Alain Ste-Marie, qui s’échelonnera sur les cinq prochaines semaines, au palais de justice de Montréal.

Le matin du 2 septembre 2016, Ste-Marie et sa conjointe auraient volé une banque à Outremont avant de prendre la fuite en taxi. Pourchassé par les policiers, Ste-Marie aurait trouvé refuge dans un logement de la rue Clark.

Ste-Marie est accusé de vol qualifié, utilisation d’une fausse arme à feu, d’avoir conduit un véhicule impliqué dans un accident sans s’arrêter et d’introduction avec effraction.

MVallières-Roland a raconté que ce matin-là, Ste-Marie et sa conjointe sont entrés dans la banque, « habillés de la tête au pied en cette belle journée ensoleillée ». Ste-Marie s’est dirigé vers le comptoir, a sauté par-dessus, et a ouvert les tiroirs avec une barre à clous dissimulée dans un sac de tennis, pendant que sa conjointe, tenant une fausse arme à feu, empêchait les clients de sortir et disait à son conjoint de se dépêcher. La scène a été filmée.

Après le crime, les deux suspects seraient partis à pied sur l’avenue du Parc, direction sud, où ils se seraient arrêtés brièvement chez une connaissance, à qui la conjointe de Ste-Marie aurait demandé le lui prêter de l’argent plus tôt dans la matinée.

Le couple a hélé un taxi au moment où un sergent du SPVM, prévenu du vol et possédant une description des suspects, a commencé à patrouiller le secteur.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La traque pour retrouver Alain Ste-Marie a mené les policiers jusqu'à un logement de la rue Clark, le 2 septembre 2016.

Rapidement, le sergent a reconnu les suspects dans le véhicule et intercepté le taxi, demandant aux occupants de montrer leurs mains. Le chauffeur et la conjointe de Ste-Marie ont obtempéré, mais pas Ste-Marie, qui aurait poussé le chauffeur à l’extérieur du véhicule, avant d’en prendre les commandes.

Une poursuite endiablée s’en est suivie et le taxi a été impliqué dans une collision avec un autre véhicule.

« M. Ste-Marie a pris la fuite à pied dans une ruelle. Le sergent a appelé en renfort le groupe tactique d’intervention du SPVM. Dans une scène digne d’un film policier, M. Ste-Marie saute des clôtures et parvient à s’échapper. Le secteur est complètement bouclé et la commotion est totale », a décrit le procureur.

« M. Ste-Marie entre ensuite dans un logement de la rue Clark. Il prend chez M. Chauveau une boisson qui va le trahir. Son ADN sera trouvé sur une cannette de Schweppes et une bouteille de rhum. Cette erreur grave permettra aux policiers de reconstituer sa cavale », a ajouté MVallières-Roland.

Dans le taxi, les policiers ont également trouvé un sac contenant un chapeau. Sur celui-ci, ils ont découvert du sang et identifié l’ADN de Ste-Marie, ce qui serait compatible avec une coupure sur son visage constatée après son arrestation survenue quelques jours plus tard, à Longueuil.

Un casse-tête

Environ 25 témoins seront entendus durant le procès présidé par le juge Mario Longpré. Des vidéos, des photos et des documents seront montrés aux 14 membres du jury.

Les parties s’accordent sur le fait qu’un vol de banque a été commis, mais l’identification formelle de Ste-Marie est contestée et sera au cœur du procès.

« Nous vous montrerons un casse-tête. À la fin, nous aurons une image qui démontrera la culpabilité de M. Ste-Marie », a dit le procureur.

« Le gros bon sens sera votre principal allié. Votre ouverture d’esprit également. Si vous êtes ici, c’est parce que vous en avez. Après le procès, vous aurez le sentiment du devoir accompli, le plus noble que vous aurez à accomplir comme citoyens de notre pays », a conclu MVallières-Roland.

Une policière, technicienne en scène de crime, est le premier témoin de la poursuite.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.