(Calgary) Plusieurs femmes disent qu’elles se sont senties honteuses, confuses et violées après des rendez-vous avec un neurologue de Calgary qui a admis avoir agressé 28 patientes.

Le tribunal a entendu 20 déclarations de victimes lors de l’audience de détermination de la peine de Keith Hoyte, qui a plaidé coupable aux accusations en janvier.

La procureure Rosalind Greenwood a lu la moitié des déclarations au nom des victimes dans la spacieuse salle d’audience du Calgary Courts Centre, où les gens pouvaient se trouver dans les estrades en respectant les directives de distanciation physique.

Une par une, les autres victimes se sont levées ou sont restées assises derrière un écran de plexiglas, ont enlevé leurs masques et ont détaillé la douleur causée par les agressions.

Mme Greenwood et l’avocat de la défense Alain Hepner ont conjointement suggéré une peine de trois ans de prison.

Le juge de la Cour du Banc de la Reine Jim Eamon s’est demandé s’il s’agissait d’une punition suffisamment sévère, étant donné le nombre de victimes et la position vulnérable dans laquelle chacune se trouvait.

Mais le juge Eamon a déclaré que la jurisprudence ne lui lassait d’autre choix que d’accepter la peine recommandée.

« Elles espéraient à juste titre que vous pourriez soulager leurs souffrances », a déclaré le magistrat à propos des femmes, alors que Keith Hoyte se trouvait sur le banc des accusés.

« Vous les avez utilisées comme objets sexuels », a-t-il ajouté.

Il a qualifié de « lamentable » le préjudice causé par Keith Hoyte à son ancienne profession.

« Vous avez déshonoré le système médical », a-t-il déclaré.

Un exposé conjoint des faits a décrit comment les victimes, âgées de 17 à 46 ans, cherchaient de l’aide pour des troubles au cerveau comme des migraines ou des convulsions.

Les victimes ont décrit comment Keith Hoyte caressait leurs seins et les piquait avec des épingles, tandis qu’il parlait très peu et n’établissait pratiquement pas de contact visuel avec elles.

« J’ai gardé ce sale secret avec moi, le laissant me détruire », a dit une femme qui, pendant 14 ans, a parlé de ces agressions à seulement quatre de ses proches.

De nombreuses femmes qui se sont exprimées ont déclaré qu’elles refusaient de désigner Keith Hoyte comme médecin, car il avait rompu son serment de ne pas leur faire de mal.

Pratiquement toutes les femmes ont décrit comment les sévices avaient semé chez elles un sentiment de méfiance envers la profession médicale et la peur de voir des médecins.

Une femme a déclaré à la salle d’audience qu’elle n’était pas à l’aise avec les hommes médecins avant même qu’elle ne soit agressée par Keith Hoyte.

« Je ne pouvais pas t’éviter. Tu portais l’armure du spécialiste. Tu savais que nous n’avions nulle part où aller », a-t-elle dit. « Tu as causé ce sentiment de trahison. »

Elle a dit qu’elle se sentait comme « une âme désespérée cherchant de l’aide réduite à rien de plus qu’un jouet ».

Une autre femme a déclaré qu’elle revivait son agression comme une vidéo au ralenti dans sa tête : « Chaque petit détail est mis en valeur, des chaises de la salle d’attente aux photos accrochées au mur. Je suis constamment sur mes gardes et le sentiment d’être vulnérable ne disparaît jamais. »

L’exposé conjoint des faits indiquait que le médecin recherchait une satisfaction sexuelle à travers ses gestes auprès de ses patientes.

Le tribunal a entendu qu’une victime s’était adressée à la police en 1991, une autre en 2008 et une troisième en 2018. La police a inculpé Keith Hoyte de trois chefs d’agression sexuelle en juin 2018. Après des reportages dans les médias, 25 autres femmes se sont manifestées.

Les plaignantes ont déclaré dans l’exposé conjoint des faits qu’elles n’avaient pas signalé Keith Hoyte aux autorités plus tôt parce qu’elles pensaient qu’on ne les croirait pas, qu’elles seraient jugées ou qu’elles seraient perçues comme des patientes difficiles.