(Montréal) Alors qu’un policier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) était accusé d’agression sexuelle après une enquête du BEI, ce printemps, l’un de ses confrères était jugé coupable de la même infraction devant la Cour du Québec, sans tambour ni trompette.

André Hébert-Ledoux, policier montréalais, a agressé sexuellement une femme pendant une sortie très arrosée, selon un verdict du juge Pierre Bélisle demeuré dans l’ombre jusqu’ici.

Hébert-Ledoux « est suspendu avec solde », s’est limité à dire le SPVM par l’intermédiaire d'un chargé de communications. Le policier devait recevoir sa peine en mars, mais la pandémie a forcé le report de cette audience à juillet. Son avocate n’a pas voulu dire s’il avait porté le verdict de culpabilité en appel et n’a pas voulu commenter le dossier.

À l’Halloween 2017, le policier participait à une fête près d’une maison hantée, aux Shops Angus, dans Rosemont, lorsqu’il a touché les parties génitales d’une amie.

Hébert-Ledoux, âgé de 30 ans au moment des faits, avait apporté du rhum dans une bouteille d’eau et avait continué à consommer de l’alcool sur le lieu de l’évènement jusqu’à être en état d’ébriété avancé. Selon le témoignage de sa victime, avec laquelle il s’était rendu sur place, le policier heurtait les autres fêtards et leur versait de l’alcool dessus.

« À un moment donné, la plaignante se dirige près de l’entrée de la maison hantée où il n’y a personne », relate le juge Bélisle. « L’accusé se dirige vers la plaignante. Soudainement, il lui agrippe les fesses et lui prend les seins par en arrière en riant. En le repoussant à l’aide de ses deux mains sur son thorax, elle tombe par terre. L’accusé tente de la relever en lui prenant le bras. Elle crie de la lâcher. Puis, il passe sa main dans sa culotte et insère son doigt dans son vagin. Elle le repousse une deuxième fois. »

Il rentre chez lui en chancelant, non sans avoir uriné dans « la rue à la vue de tous ».

Devant la Cour du Québec, Hébert-Ledoux a affirmé « n’avoir aucun souvenir des incidents reprochés » en raison de sa consommation d’alcool. Sa défense consistait essentiellement à remettre en question le témoignage de sa victime en tentant d’y trouver des contradictions.

Il n’y est pas arrivé. « La plaignante est crédible et sa version est fiable », indique le magistrat, dans sa décision rendue en mars. « Elle a témoigné avec honnêteté et sincérité. Elle a livré un témoignage franc et sans animosité envers l’accusé. » Elle est en arrêt de travail depuis l’agression.

Un texto envoyé par la victime à son agresseur le lendemain des faits, où elle lui reprochait précisément de lui avoir touché les parties génitales, a pesé dans la balance. Les textos envoyés par le policier à la victime juste après les faits ont aussi été retenus contre lui : « Je ne peux pas croire que je t’ai fait subir ça » et « j’ai l’impression de t’avoir détruit », lui a-t-il notamment écrit. Déjà, à ce moment, il disait toutefois ne pas se souvenir de l’agression.