Le père de Daphné Huard-Boudreault déplore que le Commissaire à la déontologie policière ait rejeté sa plainte contre les policiers intervenus le jour du meurtre de sa fille il y a trois ans. Anthony Pratte-Lops a tué son ex-conjointe dans un guet-apens quelques heures seulement après l’intervention de plusieurs policiers.

« Il était clairement établi et su de tous que l’assassin avait un potentiel de violence et des mécanismes qui auraient dû être en place auraient sauvé la vie de ma fille. Je n’accepterai jamais l’inertie et je demande réparation », a déclaré Éric Boudreault dans un communiqué de presse. Le père endeuillé s’adressera aux médias jeudi au palais de justice de Montréal.

Le père de la jeune femme de 18 ans demandait au Commissaire à la déontologie policière de sanctionner cinq agents de la Régie intermunicipale de police Richelieu-St-Laurent. Selon lui, les policiers ont fait « défaut de protéger » sa fille le jour fatidique. Ils auraient dû arrêter Anthony Pratte-Lops lorsque ce dernier a menacé de voler le téléphone de la jeune femme, estime-t-il. L’homme de 25 ans a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 18 ans l’an dernier.

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Anthony Pratte-Lops

« Les policiers ont négligé de la conseiller, de la surveiller et de la protéger, alors qu’elle craignait pour sa sécurité et qu’elle disait vouloir se rendre au domicile de son ex-conjoint afin de récupérer ses biens », plaidait M.  Boudreault dans sa plainte.

Le meurtre de Daphné Huard-Boudreault avait choqué le Québec. Anthony Pratte-Lops avait traqué son ex-copine dans les jours précédant le meurtre. Il avait ratissé la région de Mont-Saint-Hilaire jour et nuit pendant une semaine pour retracer la jeune femme qui l’avait récemment quitté au terme d’une relation tumultueuse de deux ans.

Le matin du meurtre, Daphné Huard-Boudreault a contacté les policiers au dépanneur où elle travaillait, alors que son ex-conjoint l’attendait à l’extérieur. Anthony Pratte-Lops a alors insulté son ex-copine devant les quatre policiers qui lui ont demandé de la laisser tranquille.

Ils n’ont toutefois pas arrêté Anthony Pratte-Lops. Après son départ, Daphné Huard-Boudreault a réalisé qu’il lui avait volé son cellulaire. Un peu plus tard, la jeune femme est retournée dans leur appartement pour chercher son téléphone, suivie par une policière dans une autre voiture. Mais Anthony Pratte-Lops l’attendait dans le logement. Il l’a étranglée et poignardée à 15 reprises.

Le Commissaire à la déontologie policière a toutefois rejeté la plainte de M.  Boudreault. Il relève que les quatre policiers n’ont pas perçu Anthony Pratte-Lops comme étant une « menace », alors qu’il se trouvait au travail de son ex-copine.

« Pour eux, il y avait absence d’infraction criminelle et aucun danger appréhendé. Mme Huard-Boudreault refusait de porter plainte », soulève-t-on dans la décision. C’est pourquoi le Commissaire blanchit les quatre agents. La policière qui suivait Daphné Huard-Boudreault en voiture s’est également conduite de façon appropriée, selon le Commissaire.

Les cinq agents n’ont pas collaboré à l’enquête du Commissaire, tel que leur permet la loi.

Une décision mal reçue par l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD) qui « s’indigne du manque d’imputabilité des acteurs judiciaires qui va à l’encontre de toute considération et de la confiance que nous devrions avoir en notre système de justice ».