La résidence qui a été la proie d’un incendie la nuit dernière sur le territoire amérindien de Kanesatake, près d’Oka, est celle de Sharon Simon, surnommé la Reine de Kanesatake, ont confié des sources policières à La Presse.

Mme Simon est la mère d’Annie Arbic, qui s’est mariée à un influent membre des Hells Angels, Martin Robert, dans une somptueuse salle de bal du centre-ville de Montréal, en décembre 2018.

On ignore encore les causes exactes de l’incendie, qui a éclaté tard jeudi soir, sur la route Simon, à Kanesatake, mais selon les premières constatations, l’origine du feu serait criminelle.

Personne n’a été blessé, mais la maison a été complètement détruite.

Le brasier a été éteint par les pompiers d’Oka qui ont ensuite transféré la scène aux enquêteurs des incendies criminels de la Sûreté du Québec.

Dans la contrebande

Surnommée la Reine de Kanesatake, Sharon Simon, 60 ans, a déjà été condamnée à des amendes de 12 000 $ et de 35 000 $ pour contrebande de tabac et production de marijuana.

Elle a été condamnée à 50 mois de pénitencier après avoir plaidé coupable à des chefs de gangstérisme, trafic de stupéfiants et possession d’une arme prohibée en 2007.

Un an plus tôt, Mme Simon avait été arrêtée dans une enquête effectuée par l’Unité mixte d’enquête sur le crime organisé autochtone (UMÉCO A) de la Gendarmerie royale du Canada. Sa maison de la route Simon avait été perquisitionnée.

Durant l’enquête baptisée Cléopâtre, les policiers avait mis sur écoute un individu, Sergio Piccirilli, présumé ancien amant de Mme Simon, impliqué dans un conflit qui a failli dégénérer en guerre ouverte entre les clans D’Amico et Rizzuto de la mafia, en 2005.

Un enquêteur de la GRC, Joe Tomeo, venait de prévenir Sergio Piccirilli que sa vie était menacée lorsque ce dernier a ensuite appelé des complices pour leur demander de lui apporter une arme semi-automatique.

Les policiers ont ensuite intercepté une voiture dans laquelle se trouvait Mme Simon et un autre individu, et trouvé l’arme longue demandée par Piccirilli.

Véritable bunker

Dans un article de La Presse publié en 2009, le journaliste à la retraite André Cédilot a raconté le passage de la Reine de Kanesatake devant les commissaires aux libérations conditionnelles. Ceux-ci s’étaient dit étonnés d’apprendre que la femme avait loué sa résidence évaluée à 1,5 million à un individu dont elle ne connaissait pas le nom. L’ex-journaliste avait également décrit la maison qui « était un véritable bunker, avec ses grillages et ses caméras de surveillance ». Les commissaires ont également été inquiétés par le fait que « des amis » pratiquaient le tir au pistolet et même à la AK-47 sur son terrain.

« Comme je connaissais tout le monde, on m'appelait, par exemple, pour acheter 50 livres de marijuana ou échanger de l'argent dans un bureau de change. Je faisais les arrangements, et je touchais ma cut sur les transactions. Yes, my life was a party! (ma vie était une fête) », avait notamment déclaré Mme Simon durant l’audience.

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