(College Park) Un ancien réserviste de l’armée canadienne soupçonné d’entretenir des liens avec les néonazis, qui était porté disparu depuis le mois d’août, a été arrêté jeudi dans l’est des États-Unis.

Un responsable de la police fédérale américaine (FBI) à Baltimore, Dave Fitz, a déclaré que Patrik Mathews avait été arrêté jeudi matin dans le Delaware en compagnie d’un autre homme. Un troisième homme, qui aurait des liens avec eux, a aussi été arrêté dans le Maryland.

Le caporal-chef Patrik Mathews, sapeur de combat au 38e Groupe-brigade du Canada à Winnipeg, avait fait l’objet d’un article dans le Winnipeg Free Press, au milieu du mois d’août, qui le liait à un groupe néonazi. Le ministère de la Défense nationale avait plus tard indiqué que Patrik Mathews avait été relevé de ses fonctions, accélérant ainsi sa demande de démobilisation.

M. Mathews avait été porté disparu quelques jours plus tard, le 24 août. Son camion avait ensuite été retrouvé sur une propriété rurale dans le sud du Manitoba, près de la frontière américaine, ce qui laissait croire qu’il était entré aux États-Unis.

Selon un communiqué du département américain de la Justice, les trois hommes devaient participer la semaine prochaine à un rassemblement de partisans des armes à feu à Richmond, en Virginie.

Patrik Jordan Mathews, 27 ans, et Brian Mark Lemley Jr., 33 ans, un résidant du Maryland, sont accusés d’avoir transporté une arme à feu et des munitions avec l’intention de commettre un crime. William Garfield Bilbrough IV, 19 ans, également résidant du Maryland, est accusé d’avoir transporté et hébergé un étranger en situation illégale. M. Lemley est aussi accusé d’avoir transporté une mitrailleuse et d’avoir donné une arme à feu et des munitions à un étranger entré illégalement aux États-Unis.

Partisans de « l’accélérationnisme »

Le Canadien a comparu jeudi après-midi devant le juge de district Charles Day au Maryland. Il était vêtu d’un t-shirt brun et d’un pantalon de camouflage et arborait une barbe fournie.

Le juge lui a demandé s’il comprenait les accusations portées contre lui. « Compris », a simplement répondu M. Mathews. Il a offert la même réponse lorsqu’il a été informé de ses droits par le juge.

Une audience sur sa libération sous caution a été fixée à mercredi. On s’attend à ce que les procureurs demandent que Patrik Matthews reste derrière les barreaux pendant la suite des procédures judiciaires.

Selon le département américain de la Justice, les trois hommes arrêtés sont membres du groupe The Base. La Ligue antidiffamation indique que des membres de cette organisation et d’autres groupes suprémacistes blancs ont fréquemment publié en ligne des messages prônant « l’accélérationnisme », un courant marginal de l’extrême droite qui militerait pour « l’accélération de l’effondrement de la société actuelle ».

Dans des forums de discussion cryptés, des membres du groupe ont parlé de commettre des actes de violence contre les Noirs et les Juifs, des moyens de fabriquer des engins explosifs improvisés, de leurs camps d’entraînement de style militaire et de leur désir de créer un « ethno-État » blanc, affirme un agent du FBI dans une déclaration sous serment.

Le gouverneur de la Virginie, Ralph Northam, a décrété l’état d’urgence mercredi et interdit toutes les armes au rassemblement auquel devaient participer les trois hommes, citant les menaces que pourraient représenter les milices armées qui entendent être présentes. Le rassemblement de lundi coïncide avec la journée Martin Luther King Jr. aux États-Unis.

Des groupes de défense des armes à feu avaient demandé jeudi à une juge de lever l’interdiction, affirmant qu’elle brimait le droit constitutionnel de porter des armes aux États-Unis. La juge Joi Taylor a cependant confirmé en fin de journée l’interdiction décrétée par le gouverneur.