(Toronto) La dernière tentative d’un journaliste visant à bloquer une demande de la GRC pour consulter sa documentation dans une affaire de terrorisme a échoué, jeudi, alors qu’une juge a refusé de suspendre l’ordonnance de production.

Dans son jugement, la juge de la Cour supérieure de justice de l’Ontario Breese Davies a statué que la Gendarnerie royale du Canada avait encore des raisons valables de faire sa demande au journaliste Ben Makuch et à Vice Media, qui remettront maintenant ce que le corps de police réclame depuis longtemps.

Vice et M. Makuch avaient plaidé en avril que l’ordonnance n’était plus juridiquement valable en raison de la mort de Farah Shirdon, originaire de Calgary. Ils se basaient sur les informations du Commandement central américain, selon lesquelles M. Shirdon avait été tué par une frappe aérienne en Irak en 2015.

La juge Davies a toutefois déclaré que l’exécution de l’ordonnance ne constituerait pas un abus de procédure.

La GRC n’a pas pu confirmer la mort de l’individu, alors il est justifié de poursuivre l’enquête sur ses activités, a-t-elle indiqué.

La dernière tentative de Vice Media de déjouer la GRC a été intentée un peu plus de deux mois après que la Cour suprême du Canada eut décidé que M. Makuch devait remettre à la GRC les échanges par messagerie qu’il avait eus avec M. Shirdon. Le journaliste a utilisé ces données pour trois articles qu’il a écrits en 2014.

La dernière audience a porté sur la véracité des informations du Commandement central américain, concernant la possible mort de M. Shirdon. Le département d’État des États-Unis désigne toujours le suspect — qui est recherché au Canada pour des accusations liées au terrorisme — comme une personne « activement impliquée dans le terrorisme ».

Déçu, Ben Makuch a déclaré jeudi qu’il acceptait la décision de Vice de remettre les documents à la GRC.

« On dirait que c’est la fin, a-t-il écrit sur Twitter. La GRC m’a traité comme un criminel plutôt que comme un journaliste. »

Ces démarches de la police devraient inquiéter tous les journalistes au Canada, a-t-il signalé.

« Aucun journaliste ne devrait être menacé ni emprisonné pour avoir fait son travail », a soutenu M. Makuch.

Farah Shirdon, qui utilisait beaucoup les médias sociaux pour recruter des occidentaux dans Daech (le groupe armé État islamique), est silencieux depuis plusieurs années. Il est toujours recherché au Canada pour diverses accusations liées au terrorisme.