Trois semaines après avoir accordé une semi-liberté à l'ancien Rock Machine Jean-François Émard, la Commission des libérations conditionnelles du Canada revient sur sa décision, parce que la vie de l'ex-motard de 42 ans serait menacée.

Le 12 avril dernier, deux enquêteurs de la Sûreté du Québec ont rencontré Émard au pénitencier où il se trouve, et l'ont avisé qu'une personne avait mis son contrat sur sa tête.

Cette information, au demeurant importante, n'aurait toutefois jamais été donnée aux commissaires, ni par Émard, ni par son agente de libération, ni par les services correctionnels, lors de l'audience de l'ancien motard le 7 mai dernier.

Les commissaires ne l'auraient appris que dans les jours suivants et ils ont décidé d'annuler la libération d'Émard, qui purge depuis mars 2018 une peine de 45 mois de pénitencier pour possession d'arme et trafic de drogues.

«Apparemment un risque important pour votre sécurité serait en cause. Le Centre résidentiel communautaire (CRC) qui vous avait accepté dans le cadre de votre projet de semi-liberté, a décidé de réviser sa décision et de refuser votre présence. Le CRC est d'avis que votre sécurité, celle des autres résidents et des intervenants pourraient être compromises si vous étiez pour venir résider dans la ressource. Ainsi, la commission constate au surplus que votre plan de sortie ne tient plus la route», écrivent les commissaires dans une décision de trois pages rendue mardi.

Menaces frivoles

«Cela fait deux ans que je suis en prison. Je ne parle plus à personne, je ne suis plus dans le paysage, on ne peut plus m'en vouloir», a déclaré Jean-François Émard en entrevue avec La Presse il y a une dizaine de jours.

L'ancien représentant des Rock Machine au Canada dit savoir qui a mis un contrat sur sa tête et il considère la menace comme frivole. «Les policiers qui m'ont avisé ne la prenaient pas au sérieux eux non plus mais ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas le choix de m'aviser», soutient-il.

Il y a quelques années, Jean-François Émard a été victime d'une tentative de meurtre au cours de laquelle il été blessé au bras. Il explique que cet événement était lié à un conflit avec un autre motard qui est maintenant chose du passé.

Émard avait également fait les manchettes en 2014 lorsqu'il avait été frappé par un policier de la SQ dans la cellule du poste de Valleyfield. Le policier a été accusé mais a obtenu une absolution inconditionnelle. Il a toutefois été suspendu durant deux mois sans traitement. Jean-François Émard poursuit le policier au civil et il soupçonne la Sûreté du Québec de vouloir lui nuire.

«Je ne veux pas insinuer des choses mais je crois que cela soulève des questions», dit-il.

Joint par La Presse, l'inspecteur-chef Guy Lapointe de la Sûreté du Québec a balayé du revers de la main les allégations de l'ex-motard. Il confirme que des enquêteurs de la SQ ont averti Émard que sa vie était en danger et ajoute que les menaces existent bel et bien et que la police n'a d'autre choix que d'aviser la personne menacée.

Jean-François Émard se demande également pourquoi le département de la sécurité préventive du pénitencier où il est détenu n'a pas avisé son agente de libération de ces menaces qui pèsent supposément sur sa tête, car celle-ci aurait alors pu les faire connaître aux commissaires aux libérations conditionnelles, avant que ceux-ci prennent leur première décision.

Jean-François Émard n'exclut pas de présenter une requête en Cour supérieure pour obtenir sa libération comme d'autres détenus dont la vie était menacée l'ont fait avant lui.

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