Le mouvement #moiaussi a permis de dénoncer les agressions sexuelles sur la place publique, il faut maintenant que l'appareil judiciaire évolue pour mieux accompagner les victimes afin qu'elles reprennent confiance et soient de plus en plus nombreuses à dénoncer les abus.

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, a donc annoncé ce matin la création d'un comité d'experts qui aura pour mandat de conseiller le gouvernement sur les façons de « mieux adapter le système judiciaire aux victimes de crimes sexuels, et de favoriser à la fois leur processus de guérison et leur sentiment de justice ».

Au cours d'une conférence de presse, en compagnie de députées de l'opposition qui travaillent avec elle sur cet enjeu, la ministre LeBel a noté qu'il n'y avait pas de solution unique à ce problème « multidimensionnel ».

Elle s'est dit préoccupée « par le sentiment que ressentent certaines victimes de ne pas avoir été crues, de ne pas avoir été accueillies avec l'humanité dont elles auraient eu besoin dans ces moments de grande fragilité ».

« Comme élues, nous avons l'énorme responsabilité de transformer le mouvement #moiaussi en gestes concrets, en politiques concrètes, qui vont changer les choses, et faire en sorte que c'est le système qui va s'adapter à la réalité des personnes victimes de violence sexuelle et conjugale, et non l'inverse », a souligné la députée Véronique Hivon, du Parti québécois.

On vous croit ? Agissons !

« On a répété aux victimes : on vous croit. Mais une fois qu'on a dit ça, on fait quoi ? C'est ça, la vraie question. Et c'est là que sont ressorties les grandes difficultés à faire face au processus judiciaire », a ajouté Hélène David, députée libérale.

Le nouveau comité se penchera sur l'accompagnement des victimes dans le système judiciaire et extrajudiciaire, et aura le champ libre pour faire toutes les recommandations appropriées.

Son mandat n'inclut cependant pas la question de la prévention des abus sexuels.

La ministre de la Justice exclut aussi, pour le moment, de demander au gouvernement fédéral des modifications au code criminel, par exemple un renversement du fardeau de la preuve dans les cas d'agressions sexuelles - c'est-à-dire que l'accusé devrait prouver son innocence devant le tribunal, au lieu qu'il incombe à la poursuite de prouver sa culpabilité.

La pertinence d'implanter un tribunal spécialisé en matière de violences sexuelles et conjugales devrait faire partie des solutions étudiées par le comité.

Le comité regroupe des personnes de divers horizons, et pas seulement des experts. Par exemple, Patricia Tulasne, membre des Courageuses, ces femmes ayant dénoncé publiquement les abus qui auraient été commis par Gilbert Rozon, en fait partie.

Parmi les autres membres, on trouve notamment une ex-juge en chef de la Cour du Québec, des représentants de groupes d'aide aux victimes d'agressions sexuelles et autres crimes, une professeure de droit, un professeur de travail social, une psychologue, une procureure de la Couronne et un enquêteur de la Sûreté du Québec.