Alors que des manifestants l'attendaient à la porte du palais de justice de Montréal, Gilbert Rozon ne s'est pas déplacé vendredi matin pour son audience.

Il n'avait d'ailleurs pas à être présent pour cette étape des procédures. L'homme est accusé de viol et d'attentat à la pudeur.

Il s'est fait représenter par son avocat, Me Pierre Poupart, qui a demandé à ce que le dossier soit reporté à une date ultérieure, une requête habituelle lorsqu'un dossier vient de commencer.

Le dossier reviendra devant un juge le 25 avril.

« L'accusé a demandé une autre date pour continuer à étudier le dossier, ce qui est son droit. C'est quelque chose que l'on voit souvent. Ce n'est pas inhabituel », a déclaré le procureur de la Couronne, Me Bruno Ménard, peu après la très courte audience.

Il a confirmé que toute la preuve avait été remise à la défense fin janvier, et que maintenant, « la balle est un peu dans leur camp ».

Le hasard avait fait en sorte que le dossier du fondateur de Juste pour rire était appelé à revenir devant le tribunal le 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

Dehors, quelques dizaines de personnes avaient saisi l'occasion de cette journée et choisi le palais de justice pour manifester, justement en raison de la comparution de Gilbert Rozon.

« Pour rappeler que la pleine égalité entre les hommes et les femmes n'est pas atteinte, qu'on est encore victimes de violence, a déclaré Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, sur le parvis du palais, dans un froid glacial. Il reste beaucoup de luttes à mener pour y arriver, a-t-elle fait valoir.

La manifestation était sous le thème de « Le respect, ça se manifeste », a-t-elle ajouté.

Le fondateur de Juste pour rire a été accusé de viol et d'attentat à la pudeur sur une femme, il y a près de 40 ans. Ces accusations ont été portées pour des gestes qui auraient été commis en 1979 à Saint-Sauveur, dans les Laurentides. L'identité de la femme n'est évidemment pas dévoilée.

Le viol et l'attentat à la pudeur sont des accusations qui existaient dans le Code criminel qui était en vigueur à l'époque. Maintenant, ces crimes portent d'autres noms.

On ne sait toujours pas si l'homme de 64 ans va choisir un procès devant un juge ou un jury. Aucun plaidoyer n'a été enregistré vendredi.

Lorsque les accusations avaient été portées contre lui, Gilbert Rozon avait réagi par courriel le jour même : « J'ai appris ce matin le dépôt d'accusations à mon encontre concernant un dossier présumé datant d'il y a près de 40 ans. Je vais continuer à me défendre devant la justice et je réserve tout commentaire pour cette instance. »

Il fait aussi face à une action collective au civil intentée par une vingtaine de femmes regroupées sous l'appellation Les Courageuses, qui lui réclament au-delà de 10 millions en dommages pour des gestes d'inconduite sexuelle et des agressions alléguées commis entre 1982 et 2016.

Là encore, il nie toute inconduite et la Cour d'appel lui a donné, en août dernier, l'autorisation de contester l'autorisation de l'action collective.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Dehors, quelques dizaines de personnes ont saisi l'occasion de la journée internationale des droits des femmes pour manifester et ont choisi comme lieu le palais de justice, justement en raison de la comparution de Gilbert Rozon.