(Montréal) Rupture de stock d’EpiPen en 2017 : une action collective peut aller de l’avant au Québec contre le distributeur et fabricant de ce produit au pays.

Le juge André Prévost de la Cour supérieure a autorisé cette action par un jugement rendu cette semaine.

Le 1er avril 2017, deux lots de l’auto-injecteur EpiPen ont été rappelés de façon préventive au Canada. Ce produit est utilisé comme traitement d’urgence pour des réactions allergiques sévères et même parfois mortelles.

Les avis de rappel indiquaient clairement qu’aucun problème n’avait été rapporté sur les auto-injecteurs vendus au Canada — deux plaintes avaient toutefois été faites à l’extérieur du pays. Les avis canadiens invitaient les utilisateurs à contacter leur pharmacien pour obtenir un auto-injecteur de remplacement, précisant qu’ils pouvaient continuer à utiliser, dans l’intervalle, celui faisant l’objet du rappel, rapporte le juge Prévost dans sa décision.

Annie Middleton souffre d’allergie à certains aliments, ainsi qu’au latex et aux aérosols. Elle a déjà été traitée en urgence pour une réaction allergique sévère. Son fils a lui aussi été diagnostiqué d’une allergie aux piqûres d’abeilles. Ils possèdent tous deux des EpiPen du lot visé par le rappel.

Le 17 avril 2017, au cours d’un bulletin de nouvelles télévisé, Mme Middleton apprend l’existence du rappel. Elle se présente peu après à la pharmacie pour remplacer les auto-injecteurs mais rentre bredouille : il y a rupture de stock. Ce n’est qu’à la fin du mois de mai 2017, après deux visites supplémentaires à sa pharmacie ainsi qu’après d’autres démarches effectuées auprès de différentes pharmacies, qu’elle est en mesure de remplacer les auto-injecteurs EpiPen, dit-elle.

Elle dit avoir vécu de l’anxiété durant ce mois et demi et son fils, atteint du syndrome Gilles de la Tourette, encore plus.

Elle souhaitait intenter une action collective contre Mylan Specialty L. P. qui détient les droits exclusifs sur la marque EpiPen et Pfizer Canada inc. (Pfizer) qui est titulaire d’une licence pour la distribution de ce produit au Canada.

Mme Middleton leur reproche d’avoir mis en marché un produit défectueux et de ne pas s’être assurées de la disponibilité suffisante du produit pour pourvoir au remplacement des auto-injecteurs rappelés.

Pour ce qui est de la défectuosité des EpiPen, le juge tranche que le dossier ne relève aucun fait confirmant ou laissant croire que les produits distribués par les deux entreprises sont affectés d’un quelconque vice de fabrication. Mme Middleton n’a pas de cause fondée sur la responsabilité des deux entreprises pour défaut caché, écrit-il.

Mais il en va autrement de leur négligence des entreprises à assurer un inventaire adéquat pour remplacer les auto-injecteurs rappelés : elle a une cause défendable sur ce point, estime le juge. Mais il lui reste à prouver ses allégations et à faire la preuve de ses dommages, comme tous les autres membres du groupe.