Des opposants à la Loi sur la laïcité de l’État ont fait valoir leurs arguments devant la Cour supérieure du Québec mardi matin au palais de justice de Montréal pour suspendre l’application de la loi 21. La loi-phare du gouvernement Legault bafoue les droits fondamentaux des citoyens, en plus d’être inapplicable, plaident les opposants.

«La loi est basée sur plusieurs faussetés: qu’il y a un problème si les gens portent un symbole religieux en travaillant pour l’État, que cette loi pourrait régler le problème et que cette loi elle-même ne créée pas son propre problème», a plaidé en anglais Me Catherine McKenzie, qui représente le Conseil national des musulmans du Canada (CNMC) et l’Association canadienne des libertés civiles.

La Loi sur la laïcité interdit le port d’un symbole religieux aux nouveaux employés de l’État ayant un pouvoir de coercition comme les policiers, ainsi que les enseignants. Une «clause grand-père» permet toutefois aux employés actuels, comme les enseignants par exemple, de continuer d’en porter un. Le mois dernier, ces deux groupes basés en Ontario et Ichrak Nourel Hak, une étudiante en enseignement de l’Université de Montréal qui porte le hijab, ont déposé un recours judiciaire contre le gouvernement du Québec.

«C’est facile pour le gouvernement de dire: enlevez-le, laissez-le à la porte. C’est ce que les personnes disaient aux gais dans le passé. Juste, cachez-le. Les symboles religieux ne sont pas que des pièces de vêtements normales. Elles font partie de l’identité des personnes. Elles ne peuvent pas être laissées à la maison», a plaidé Me McKenzie.  

«[La Loi] est en train de créer une seconde classe de citoyens et est en train d’entériner un régime d’inégalités. […] Elle discrimine un certain type de population et de catégories sociales», a dénoncé Bochra Manai, porte-parole du Conseil national des musulmans du Canada, en marge des audiences.

De plus, la Loi est difficilement applicable, selon les opposants. «Qu’est-ce qui se passe si quelqu’un porte quelque chose dans un but culturel? Si quelqu’un porte une kippa comme symbole culturel, et non comme un symbole de croyance en une puissance supérieure?», a plaidé Me Olga Redko.

Les avocats représentant l’État plaident mardi après-midi devant le juge Yergeau.