Victime d’un accident de vélo, mercredi, Alain Gravel ne reprendra probablement pas son micro d’ici la dernière de son émission matinale, le 21 juin.

« Je n’allais pas vite. Il n’y avait pas de monde. C’était juste une craque dans la piste cyclable. » 

L’animateur de l’émission du matin de Radio-Canada n’était pas au sommet de sa forme hier, au lendemain d’un accident de vélo. Bilan : cinq côtes fracturées et un pneumothorax. Sa vie n’est pas en danger, mais il sera au repos pendant au moins six semaines.

Il est donc peu probable qu’il retrouve son siège d’animateur matinal d’ici la fin de la saison, vendredi prochain, qui marquera aussi la fin de Gravel le matin, après quatre années en ondes.

« Je suis magané pas mal », a-t-il confié à La Presse de sa chambre de l’hôpital du Sacré-Cœur, où il a été transporté en ambulance mercredi après-midi. « Je n’ai pas trop mal parce que je ne bouge pas. »

L’animateur et journaliste de 61 ans roulait sur la piste cyclable qui longe le boulevard Gouin et la rivière des Prairies, non loin du Centre d’hébergement Notre-Dame-de-la-Merci, dans Ahuntsic, quand sa roue avant s’est coincée dans l’une des nombreuses fissures de la route. Il a été projeté tête première par-dessus son vélo.

« Mon casque s’est cassé, précise-t-il. Si je ne l’avais pas eu, j’aurais eu un traumatisme crânien comme Isabelle Richer. »

La journaliste et chroniqueuse judiciaire de Radio-Canada, gravement blessée à la tête en juin 2015 après avoir été percutée à vélo par un camion, en Montérégie, a d’ailleurs publié hier un message d’encouragement à son ami et collègue, sur Facebook. C’est son casque qui lui avait sauvé la vie, à l’époque.

Pas d'Ironman

La mésaventure d’Alain Gravel est survenue après une visite à un atelier de mécanique cycliste de Laval, en prévision du demi-Ironman qu’il s’apprêtait à faire à Mont-Tremblant, le 23 juin.

« Je me suis entraîné tout l’hiver pour ça. Mais c’est fini, lâche-t-il. Pourtant, je ne roulais pas vite. Il n’y avait personne autour. Et personne ne m’a coupé. »

J’ai roulé sur l’une des nombreuses craques qui traversent cette piste cyclable de bord en bord. J’ai dû avoir été distrait une demi-seconde. Je ne sais pas comment j’ai fait mon compte.

Alain Gravel

Sur le coup, M. Gravel ne pouvait plus respirer. Il dit avoir manqué d’air pendant une trentaine de minutes. Un cycliste roulant en sens contraire lui a porté secours et a attendu avec lui l’arrivée des ambulanciers.

À son admission à l’hôpital, les médecins lui ont fait passer une batterie de tests aux poumons et à la colonne vertébrale. Ils ont même songé à l’opérer pour son pneumothorax, mais cela ne s’est pas avéré nécessaire. M. Gravel doit avoir son congé de l’hôpital aujourd’hui.

Un coucou

Depuis hier, c’est Franco Nuovo qui le remplace à la barre de la matinale de Radio-Canada. Il y sera lundi et peut-être aussi le reste de la semaine, confirme Caroline Jamet, directrice générale de la radio de la société d’État. « On en reparlera demain [vendredi], dit-elle. Tout dépendra de l’état d’Alain. Ça nous a tous bouleversés d’apprendre ça. »

M. Gravel, qui animait la matinale depuis 2015, a appris au début d’avril que son émission quittait la grille horaire. À la mi-août, il sera remplacé par Patrick Masbourian.

« Ça me fait &?%$…, admet-il. Il ne me restait que six jours. Je voulais vraiment amener l’émission jusqu’au bout avec la gang. Je vais essayer d’aller faire un coucou la semaine prochaine. Au minimum, je vais parler aux auditeurs au téléphone, mais j’aimerais aller en studio. »

Cessera-t-il de rouler à vélo à Montréal ? « Non, je n’arrêterai pas de rouler, de courir et de nager, répond-il. Si je ne fais pas ça, je serai bougon pour le restant de mes jours. »

Son accident de vélo est le 58e ayant causé des blessures à survenir à Montréal depuis le début de l’année.

Qu’est-ce qu’un pneumothorax ?

Un pneumothorax (affaissement pulmonaire) se manifeste par la présence d’air ou de gaz dans la cavité pleurale, entre les poumons et la cage thoracique. Les symptômes : douleur soudaine dans la poitrine, impression de ne plus pouvoir respirer et angoisse. Le traitement dépend de l’importance de l’affection. Le pneumothorax guérit souvent spontanément, mais nécessite parfois qu’on évacue l’air par drainage. Plus il est important, plus la respiration est difficile. Dans certains cas, il peut même être mortel. 

Source : Institut canadien pour la santé des patients