Blâmée par le Protecteur du citoyen dans un rapport d'enquête, Tamara Thermitus a démissionné de son poste de présidente de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), jeudi.

Sa décision est survenue au moment où elle risquait d'être destituée par l'Assemblée nationale, un geste qui aurait été une première.

La Presse a révélé la semaine dernière que la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, concluait dans son rapport d'enquête que la conduite de Mme Thermitus constituait un cas grave de mauvaise gestion. Le document n'a pas été rendu public, mais Mme Rinfret a confirmé certains éléments lors d'une conférence de presse portant sur son rapport annuel, jeudi.

« Il y a eu des manquements graves aux normes éthiques et déontologiques, ainsi qu'un cas grave de mauvaise gestion, y compris un abus d'autorité. Je n'irai pas plus loin », a-t-elle affirmé.

Le Protecteur du citoyen avait déclenché son enquête l'an dernier à la suite de plaintes déposées en vertu de la Loi facilitant la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics. La Presse avait révélé l'affaire en août 2017. Tamara Thermitus avait tenté de faire annuler cette enquête devant les tribunaux pour ensuite se désister de sa procédure judiciaire. Elle était en arrêt de travail depuis un peu plus d'un an.

Elle avait fait l'objet d'un autre rapport accablant en mai dernier, celui d'une vérificatrice externe nommée par la ministre de la Justice d'alors, Stéphanie Vallée. Cette vérificatrice, l'ex-sous-ministre Lise Verreault, avait jugé que Mme Thermitus devait quitter la tête de la CDPDJ, car son style de gestion était inapproprié et elle n'était pas apte à « redresser la situation » au sein de cet organisme aux prises avec divers problèmes internes.

« Le geste à poser »

Dans sa lettre de démission déposée à l'Assemblée nationale, Tamara Thermitus présente brièvement sa version des faits, des arguments qui n'ont manifestement pas convaincu les enquêteurs du Protecteur du citoyen.

« Lors de mon passage à la Commission, j'ai notamment dénoncé l'octroi d'avantages indus accordés à certains employés et la création de postes qui ne se justifient pas au sein de cet organisme public et qui ont été créés pour avantager certains employés aux dépens des contribuables, ce qui a été tu et ignoré à l'externe mais qui a provoqué de fortes réactions à l'interne », écrit la démissionnaire. Il y a, selon elle, une « grande nécessité de changement » à la CDPDJ car sa performance est « des plus préoccupantes malgré la présence d'employés dévoués ».

Elle ne reconnaît aucune faute de sa part. Elle se dit « dans l'obligation » de se retirer de ses fonctions « tenant compte des circonstances ». Le gouvernement Legault avait l'intention de procéder à sa destitution, comme on l'a écrit la semaine dernière.

Jeudi, la ministre de la Justice et responsable de la CDPDJ, Sonia LeBel, s'est contentée de dire que « Mme Thermitus [avait] pris sa décision » et que le gouvernement entendait « pourvoir le poste le plus rapidement possible ».

« Nous accueillons favorablement la démission de Mme Thermitus, qui était le geste à poser », a commenté pour sa part la députée péquiste Véronique Hivon. Elle réclamait son départ depuis le dépôt du rapport de Lise Verreault, en mai. « Enfin, aujourd'hui, l'équipe de la CDPDJ pourra tourner la page sur ce chapitre difficile », a-t-elle ajouté.

- Avec la collaboration d'Hugo Pilon-Larose, La Presse

136: Nombre total de dénonciations faites à ce jour au Protecteur du citoyen en vertu de la Loi facilitant la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics.