Les paroles s'envolent et les écrits restent : l'un des individus arrêtés dans une importante enquête visant les Hells Angels en avril dernier pourrait l'apprendre à ses dépens demain, lorsqu'un juge décidera s'il devra fournir ou non un échantillon d'ADN aux autorités.

Cet individu, c'est Denis Desputeaux, 24 ans, de Cowansville, visé dans la frappe policière Objection menée par l'Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO), chapeautée par la Sûreté du Québec, contre des réseaux de trafiquants de stupéfiants liés aux Hells Angels le 24 avril dernier.

À 5h30 ce jour-là, au moment où les policiers frappaient aux portes des suspects, Desputeaux est passé entre les mailles du filet car il se trouvait en République dominicaine. Mais de là-bas, à 6h36 le même jour, une heure après le début de la frappe, il publiait sur sa page Facebook une image d'un policier portant une tenue antiémeute qui recevait une balle de pistolet en plein visage, accompagnée du message suivant traduit de l'anglais : « Parle aux policiers dans une langue qu'ils comprennent ».

« TOUS DES SALAUDS »

C'est un enquêteur de l'ENRCO qui a témoigné de ces faits mardi, lors des observations sur la peine de Desputeaux et d'un coaccusé, Kenny Maheu. Desputeaux a plaidé coupable à des accusations de complot pour trafic et trafic de cocaïne et de méthamphétamine aux profits d'une organisation criminelle, il y a trois semaines.

La poursuite et la défense s'entendent sur une peine de 28 mois à imposer à Desputeaux, mais ils s'opposent sur la question du prélèvement d'ADN.

Durant son témoignage, l'enquêteur François Soucy de la Sûreté du Québec a expliqué que Desputeaux était un vendeur de stupéfiants et que « le contrôle de territoire était un travail à temps plein qui nécessite de démontrer du pouvoir envers d'autres personnes, que ce soit par la violence et l'intimidation ». « Dans le milieu, ils appellent ça : the power of the patch » (la force de la veste), a-t-il dit.

L'enquêteur a ajouté, photos à l'appui, que Desputeaux avait aussi publié sur son Facebook et fait tatouer, sur le côté droit de sa tête, l'acronyme ACAB qui signifie : All cops are bastards (tous les policiers sont des salauds).

Il a aussi raconté que Desputeaux avait tenu des propos violents dans une conversation avec des complices captée par une taupe au sein de l'organisation qui portait sur elle un enregistreur durant l'enquête Objection et envers des photographes qui l'ont immortalisé le jour où il est revenu au pays et a été arrêté.

Denis Desputeaux a déjà été condamné à 30 jours de prison et à une amende pour deux affaires de voies de fait survenues à Cowansville en 2014 et 2015.

Son avocat, Me Pierre Brunelle, a fait admettre au témoin que les enquêteurs n'ont pas vu Desputeaux commettre des actes de violence durant l'enquête Objection.

Le juge Daniel Bédard de la Cour du Québec confirmera la peine et tranchera la question de l'ADN demain matin.

« J'ai lu, j'ai entendu, je vois les photos... une photo sur sa page Facebook d'un policier qui se fait tirer en plein visage », a simplement déclaré le magistrat avant de mettre fin à l'audience.

Le complice de Desputeaux, Kenny Maheu, 28 ans, devrait recevoir une peine de 33 mois de pénitencier demain, en vertu d'une entente entre la poursuite et la défense. Mais son avocat Me Brunelle a plaidé que son client voulait que chacun des jours passés en détention préventive compte pour le double plutôt que pour un jour et demi, en raison des conditions de détention à l'Établissement de détention de Montréal (Bordeaux). Le juge Bédard devra également trancher cette question.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Capture d'écran

Desputeaux avait aussi publié sur son Facebook et fait tatouer, sur le côté droit de sa tête, l'acronyme ACAB qui signifie : All cops are bastards (tous les policiers sont des salauds).

Capture d'écran

D'autres messages publiés par Desputeaux sur sa page Facebook.