Francis Boucher a écopé d'une peine de neuf mois de prison la semaine dernière pour avoir frappé dans la rue un passant avec un bâton de baseball. Ce bon samaritain avait réussi à maîtriser le fils de l'ancien chef guerrier des Hells Angels Maurice Boucher en lui faisant une «prise de l'ours» jusqu'à l'arrivée des policiers.

L'homme de 42 ans, connu également pour sa libération par erreur de prison il y a trois ans, a plaidé coupable à des accusations de voies de fait causant des blessures, de possession de métamphétamine et de possession d'une arme dans un dessein dangereux, le 12 juin dernier. Il reste environ six mois à purger à sa peine. 

Vers 19h, le 24 avril dernier, Francis Boucher insulte des passants près du boulevard Pie-IX dans le quartier Hochelaga. Quelques minutes plus tard, il tient un bâton de baseball et menace de frapper un badaud sur la rue Ontario. Un citoyen aperçoit la scène et crie pour détourner l'attention du forcené afin de permettre au badaud de s'enfuir.

Les deux hommes s'approchent. Francis Boucher agite son bâton dans les airs, puis frappe la victime au coude. Le bon samaritain réussit néanmoins à attraper son agresseur et à l'immobiliser au sol grâce à une «prise de l'ours». Les policiers arrivent peu de temps après et procèdent à son arrestation.

Francis Boucher semblait toutefois réticent à plaider coupable la semaine dernière. Lorsque le juge l'interrogeait pour s'assurer qu'il reconnaissait bien avoir commis ses crimes, l'accusé semblé évoquer la légitime défense. « Je sentais que ma vie était en danger, monsieur. Je pensais qu'il y avait plusieurs agresseurs, que ma vie était en danger », a-t-il martelé, avant de finalement plaider coupable.

Pendant les observations sur la peine, Francis Boucher a livré un récit décousu des évènements qui ont mené à l'agression. Il a raconté avoir été attaqué sans raison par un groupe de personnes à la sortie du métro Pie-IX. Se sentant en danger, il aurait ramassé le bâton de baseball oublié par ses agresseurs. C'est à ce moment que le citoyen serait intervenu. « Pour vrai, j'ai eu peur pour ma vie un peu », a-t-il répété. Il assure qu'il était «lucide», bien qu'il était sur «l'adrénaline». 

Le juge Dalmau s'est interrogé sur l'état mental de l'accusé avant de lui imposer sa peine, une suggestion commune des parties. « Il existe une situation personnelle à M. Boucher. Malheureusement, on n'est pas en mesure de savoir pourquoi il agit de la sorte. Est-ce qu'il a un problème de santé mentale ? Un problème de consommation ? Un peu des deux ? Difficile à cerner», s'est questionné le juge.

Le fils de Maurice Boucher n'en est pas à ses premières frasques dans des lieux publics. En 2014, il avait été arrêté dans un bar de la rue Beaubien. Très intoxiqué, il avait menacé de tuer les policiers en plus de se vanter d'être le fils du célèbre motard. Il avait écopé d'une peine de trois mois en mars 2015. Or, le même mois, il avait été libéré par erreur de la prison de Bordeaux, un fiasco des services correctionnels fortement médiatisé. 

Francis Boucher, un ex-membre des Rockers de Montréal, un ancien club-école des Hells Angels dans les années 90, avait été condamné à une peine de dix ans de pénitencier pour complot pour meurtre et gangstérisme dans la foulée de l'opération Printemps 2011.