Même s'il a été arrêté pour le kidnapping violent d'un résidant de Montréal et qu'il est soupçonné d'avoir fait plusieurs victimes au cours des derniers mois, un agent de sécurité de Brossard vient d'être autorisé à continuer à porter des armes pour son travail en attendant son procès.

Martin Nguyen, 41 ans, de Brossard, est soupçonné par la police d'être un usurier très actif. Selon un communiqué envoyé par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) vendredi, il aurait prêté de l'argent à un homme en difficulté à un taux d'intérêt composé de 10 % par mois, ce qui est le double de la limite légale.

La dette de la victime a presque triplé entre mai et novembre. Prise à la gorge, elle n'arrivait pas à la rembourser.

Le 10 novembre dernier, Nguyen, qui mesure 1,78 m (5 pi 10 po) et pèse plus de 91 kg (200 lb), s'est introduit de force chez sa victime, à Montréal. Il était accompagné d'un homme de main, Jacques Duquette, lui aussi de Brossard. Ils ont rudoyé l'homme endetté, lui ont pris sa carte de crédit et l'ont enlevé pour le forcer à faire un retrait au guichet automatique.

« La victime n'ayant pas la somme d'argent due dans son compte, les deux suspects quittent en lui promettant de revenir », lit-on dans un extrait d'un communiqué du SPVM

Une équipe d'enquêteurs du Service partagé des enquêtes de la division Sud est alors entrée en scène et Martin Nguyen a été arrêté avec son complice le 30 novembre. Des perquisitions chez lui et dans son véhicule ont mené à la saisie d'une matraque télescopique, de deux pistolets à plombs et d'un sac contenant « un ensemble d'accessoires utilisés pour enlever et maîtriser une personne ».

Les enquêteurs ont aussi saisi le carnet de comptabilité de Nguyen, qui fait mention de plusieurs autres prêts. Ils demandent maintenant l'aide du public pour retrouver d'autres victimes potentielles de l'usurier.

SUSPENDU PAR SES EMPLOYEURS

Lorsqu'il est passé à la cour pour demander d'être remis en liberté dans l'attente de son procès, Martin Nguyen a dû s'engager à respecter une série de conditions usuelles, notamment garder la paix, se présenter à la cour lorsque requis et ne pas porter d'armes. Le tribunal lui a toutefois accordé une permission spéciale afin qu'il puisse continuer à porter une arme « dans le cadre de son travail légitime », selon le dossier de cour consulté par La Presse.

L'accusé est en effet titulaire du permis d'agent de sécurité délivré par le Bureau de la sécurité privée. Il travaille comme agent de sécurité au Corps des commissionnaires du Québec et est agent réserviste chez Garda World.

Garda World et les Commissionnaires ont réagi prestement en suspendant Martin Nguyen jusqu'à nouvel ordre, selon ce que leurs représentants ont confirmé à La Presse.

Le directeur des relations de travail des Commissionnaires, Maurice Archambault, a même dit avoir écrit personnellement au Bureau de la sécurité privée pour le mettre au courant de l'affaire.

Dans le cadre de son emploi chez Garda, M. Nguyen pouvait être appelé, pour certains contrats, à porter un bâton télescopique comme celui avec lequel il a été arrêté, mais les armes sont toujours récupérées à la fin du quart de travail, assure la porte-parole de l'entreprise, Isabelle Panelli.

M. Nguyen n'a jamais fait partie des convoyeurs de fonds de Garda, qui sont autorisés à porter une arme à feu. Son travail chez les Commissionnaires ne l'amenait pas à porter un bâton ni aucun autre type d'arme, selon l'entreprise.