Arrêtés par la brigade Marteau, acculés à la faillite, les entrepreneurs Giuseppe et Lino Zambito ainsi que leur firme Infrabec sont désormais poursuivis par la compagnie d'assurances Aviva qui leur réclame 11 millions de dollars pour non-respect d'engagements financiers, a appris La Presse.

Cette somme correspond à la perte estimée qu'Aviva a subie après qu'elle eut pris le relais d'Infrabec pour achever sept importants chantiers d'infrastructure dans la région métropolitaine.

Dans cette poursuite déposée en Cour supérieure contre les Zambito père et fils et Peter Lashchuk, tous trois dirigeants d'Infrabec et de ses filiales, Aviva, la caution, soutient que dans la convention qu'elle a signée avec les défendeurs en juin 2010, ceux-ci s'engagent entre autres «à l'indemniser en entier pour toute perte ou dommage qu'elle pourrait subir suite à l'émission d'un ou plusieurs cautionnements».

Toujours selon Aviva, ces trois administrateurs étaient garants à titre personnel à hauteur de 1 million de dollars maximum chacun. Or, ils n'auraient pas respecté cet engagement lorsque Aviva leur a réclamé le paiement de cette somme, en avril dernier.

Un cautionnement est une assurance d'achèvement des travaux qui prend le relais lorsqu'un entrepreneur se trouve temporairement ou définitivement en défaut d'exécution, pour cause de faillite, de suspension ou de révocation de licence, par exemple.

Dans le cas d'Infrabec, la firme de Boisbriand s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers en mars dernier. Sa banque, la HSBC, venait de fermer le robinet du crédit et réclamer le remboursement des prêts en cours, après l'arrestation de Giuseppe et Lino Zambito par l'escouade Marteau et le dépôt d'accusations, en particulier pour corruption et collusion. L'enquête visait l'attribution de contrats à Boisbriand. L'ex-mairesse et la numéro 2 de la firme de génie-conseil Roche figurent parmi les personnes arrêtées et accusées.

Aviva s'est alors retrouvée avec sept chantiers à terminer, accordés par Transports Québec (échangeur de l'A640 et de la route 138) et les villes de Montréal, Laval, Rosemère et Saint-Jérôme.

«En date du 17 novembre 2011, la perte projetée d'Aviva était de 11 015 012,85$ (somme à parfaire) pour l'exécution des travaux de construction qu'elle a cautionnée au bénéfice de la débitrice principale», soutient la demanderesse dans sa poursuite.

La compagnie d'assurances demande à la Cour de condamner, d'une part, MM. Lashchuk et Zambito père et fils à payer chacun la somme due, soit 1 million de dollars plus les intérêts, et, d'autre part, les firmes Terrassement Infrabec, Investissements Infrabec et 9058-0002, «solidairement», à verser la somme de 8 millions de dollars plus intérêts.

Joint par La Presse, Lino Zambito réplique qu'Aviva «n'a rien déposé comme preuve pour appuyer ses prétentions. D'autant plus que les trois quarts des sous-traitants n'ont pas été payés». «La première chose qu'on va demander, ce sont les copies des factures et des preuves des dépenses», souligne-t-il.

L'entrepreneur soutient aussi avoir fait une proposition écrite à Aviva pour terminer les travaux sur les chantiers précités tout en minimisant les pertes. La compagnie n'y aurait pas donné suite, choisissant plutôt de mettre les trois dirigeants en demeure de verser chacun 1 million de dollars, déplore Lino Zambito.

- Avec Francis Vailles