Cinq ans après avoir été arrêtée dans le cadre de la vaste opération antimafia Colisée, Marilyn Béliveau, cette ex-douanière soupçonnée de corruption, devra subir son procès.

La juge Sylvie Durand a rejeté sa requête en arrêt des procédures pour délais déraisonnables, ce matin, au palais de justice de Montréal.

À l'ouverture de son procès il y a une semaine, l'ex-douanière avait présenté cette ultime requête pour faire casser les accusations de corruption et de gangstérisme.

La femme de 31 ans plaidait que les délais lui avaient causé d'«importants préjudices» depuis son arrestation en novembre 2006. Elle a souffert d'une dépression majeure et a tenté de se suicider en plus de perdre son emploi au siège social de l'Agence des services frontaliers du Canada à Montréal. Elle a également fait une faillite personnelle en 2007.

L'ex-douanière blâmait aussi les journalistes d'être responsables d'une partie de ses malheurs puisque sa cause a fait l'objet d'une couverture médiatique.

Sa tâche était de dédouaner les marchandises qui arrivaient dans la métropole, par bateau, train ou avion. Elle est soupçonnée d'avoir comploté avec des membres de la mafia et des gangs de rue pour importer de la drogue.

La juge Durand a tranché que ces «préjudices» n'étaient pas causés par les délais de la cause, mais bien par les accusations elles-mêmes.

Son dossier est revenu une soixantaine de fois devant le tribunal depuis 2006, a calculé la défense. Or, en analysant les raisons des nombreux reports, la juge n'y a rien vu de «déraisonnable». La défense a consenti à la majorité de ces délais, lorsqu'elle n'en était pas carrément à l'origine, a retenu la juge.

L'ex-douanière a dû changer d'avocat durant le processus judiciaire, ce qui a eu pour effet de retarder le procès d'abord prévu pour février 2009. Un juge avait alors donné raison à la poursuite après que cette dernière eut présenté une requête pour que le premier avocat de Mme Béliveau se retire du dossier en raison d'un conflit d'intérêts.

Son procès commencera demain.