Une militante de Montréal qui a manifesté seins nus lors des festivités entourant le Grand Prix, en 2015, a été violemment traînée sur le trottoir par des agents de sécurité qui tentaient de l'arrêter, a relaté son avocate, mercredi.

Les accusations pesant contre Neda Topaloski devraient être retirées en raison de son arrestation illégale, a estimé Véronique Robert devant la cour municipale à l'ouverture de son procès de deux jours.

Mme Topaloski, âgée de 30 ans, est membre de l'organisation internationale féministe Femen, qui milite pour les droits des femmes en organisant des manifestations où les militantes défilent seins nus. La jeune femme avait aussi perturbé les travaux de la Chambre des communes, à Ottawa, et de l'Assemblée nationale, à Québec.

Elle a plaidé non coupable aux accusations de méfait et de trouble de l'ordre public déposées contre elle dans la foulée des événements de juin 2015.

Mme Topaloski a déclaré en cour que les gardiens de sécurité des festivités du Grand Prix sur la rue Crescent, au centre-ville de Montréal, l'avaient traînée brusquement le long du trottoir en l'empoignant par les mains et les pieds, en plus de marcher sur ses cheveux avant de la placer dans un véhicule.

Elle en aurait gardé des éraflures à la peau, ainsi que des ecchymoses.

«C'était excessivement violent. Je me sentais comme si j'étais projetée, tellement la propulsion était forte», a-t-elle raconté en cour.

La Couronne n'a pas nié le fait que Mme Topaloski ait été traînée, mais elle a fait valoir que ce traitement ne représentait pas une arrestation illégale puisque la jeune femme n'était pas maîtrisée par des policiers, mais bien par des agents de sécurité.

Des séquences vidéo de l'événement diffusées en cour montrent la militante et une autre manifestante grimpant sur une voiture de course placée sur une scène.

Devant une foule dense, Mme Topaloski - qui avait écrit le mot «slavery» («esclavage») sur sa poitrine - pouvait être vue en train de scander: «Montréal n'est pas un bordel!»

Elle est ensuite montrée en train de se faire emmener par un homme tenant son pied dans les airs, tandis qu'un autre maîtrise ses mains.

Les policiers montréalais sont arrivés plus tard sur les lieux pour arrêter la militante.

Un technicien qui travaillait pour le festival a témoigné mercredi après-midi, affirmant que l'accusée avait causé environ 2500 $ en dommages sur le véhicule.

À l'extérieur de la salle d'audience, Mme Topaloski a soutenu qu'elle avait manifesté pacifiquement et qu'elle souhaitait dénoncer l'exploitation sexuelle qu'elle lie à l'événement sportif.

«On pense que si le Grand Prix a le droit de venir promouvoir l'industrie du sexe et l'objectification des femmes, nous avons aussi le droit de venir promouvoir nos idées féministes et nos valeurs d'égalité des sexes», a-t-elle souligné.

Les Femen manifestent seins nus pour pouvoir se servir de leur corps comme «outil politique», s'est-elle justifiée.

«On vit dans une société où les corps des femmes sont sexualisés, »objectifiés« partout autour de nous. On a décidé (...) d'écrire nos propres idées sur nos corps, nos valeurs à nous, nos idées féministes», a-t-elle ajouté.