Le procès pour fraude à Boisbriand, qui accuse des semaines de retard, a finalement repris, hier, après qu'on eut décidé l'arrêt des procédures contre l'un des coaccusés, gravement malade, l'ingénieur Rosaire Fontaine. Le contre-interrogatoire de l'organisateur d'élections clés en main Gilles Cloutier s'est poursuivi, donnant lieu à des réponses décousues et contradictoires.

La défense, qui tente de miner la crédibilité du témoin, s'est longuement penchée sur un interrogatoire policier de cinq heures qu'il a subi en septembre 2014 dans la foulée de plaintes pour parjures relatives à son témoignage devant la commission Charbonneau. L'existence de cette arrestation et de la vidéo de son interrogatoire a été révélée par M. Cloutier lors de son contre-interrogatoire. Tant la défense que la Couronne ont dit qu'elles n'en avaient rien su.Or, Gilles Cloutier a affirmé hier qu'il avait signalé son entretien de cinq heures à deux policières assignées à son dossier, peut-être lors d'une rencontre préparatoire en vue de son témoignage au procès de Boisbriand, le 20 décembre dernier. Quelques minutes plus tard, M. Cloutier s'est ravisé pour dire qu'il en avait parlé à une seule policière et il a été incapable de préciser à quel moment s'était déroulée cette rencontre.

La défense a immédiatement réclamé une pause. Les procureurs de la défense et du ministère public se sont rencontrés dans une petite pièce attenante à la salle d'audience. Lorsqu'ils sont revenus devant le juge, les avocats de la défense n'ont pas demandé de précisions au témoin pour clarifier les circonstances de l'aveu qu'il aurait fait à la policière au sujet des allégations de parjure.

M. Cloutier a cependant indiqué qu'il avait téléphoné à un enquêteur de la Sûreté du Québec la semaine dernière pour lui dire que les parjures étaient « faux ». Le policier lui aurait répondu qu'il ne pouvait pas lui parler, car il y avait un dégât d'eau chez lui. La défense lui a alors fait remarquer qu'il avait donc enfreint les directives du juge de ne pas parler de son témoignage à quiconque.

Ouvert au début du mois de janvier au palais de justice de Saint-Jérôme, le procès pour fraude à Boisbriand est le premier grand procès qui découle d'une enquête de l'Unité permanente anticorruption. Au banc des accusés : l'ancienne vice-présidente de la firme de génie-conseil Roche France Michaud et l'ex-maire de Boisbriand Robert Poirier. Ils sont accusés de complot, de fraude et d'abus de confiance dans une affaire de partage des contrats de la municipalité. France Michaud fait également face à des accusations de fraude envers le gouvernement et d'acte de corruption dans les affaires municipales.

La Couronne a décrété lundi un arrêt des procédures contre Rosaire Fontaine, ex-employé de la firme BPR-Triax. Elle n'a pas expliqué les motifs de sa décision, mais le procès aurait pu être retardé longtemps en raison des ennuis de santé de M. Fontaine. La Couronne dispose d'un an pour déposer de nouvelles accusations.