Le rôle, la sélection et la formation des juges de paix magistrats devraient faire l'objet d'un questionnement sérieux, a affirmé hier l'ex-juge John Gomery, dans la foulée de l'autorisation de 24 mandats de surveillance concernant le cellulaire de Patrick Lagacé.

« Ce sont plutôt des bureaucrates que des juges », a-t-il dit en entrevue, lapidaire. La possibilité « d'autoriser les recherches, des fouilles et des choses semblables » devrait exiger « une certaine formation et des qualités de rigueur qui n'existent pas toujours » dans leurs rangs.

« Je trouve ça assez désolant », a ajouté l'ex-magistrat de la Cour supérieure. Lorsqu'il siégeait au tribunal, il a eu à se prononcer épisodiquement au sujet de mandats accordés par des juges de paix magistrats. 

« J'ai constaté que c'était des gens qui n'avaient pas la formation qu'on aimerait voir dans un système de justice », a affirmé l'ex-juge John Gomery.

La quarantaine d'ex-avocats qui remplissent cette fonction au Québec ont le pouvoir de lancer des mandats d'arrêt, d'accorder des mandats de perquisition, de fouille ou de saisie, ou encore d'amener un individu devant un juge pour qu'il agisse comme témoin. Ils sont presque inamovibles.

Joint au téléphone, M. Gomery s'est dit surpris devant l'attribution des mandats de surveillance du cellulaire du journaliste de La Presse, alors qu'il n'était lui-même soupçonné d'aucun crime.

La possibilité d'accorder de telles autorisations de surveillance et de localisation, « c'est un pouvoir important et on le réalise actuellement », a-t-il dit.

« Comme beaucoup de monde, je crois que c'est une partie de notre procédure criminelle qu'il serait bénéfique d'examiner et peut-être de modifier », a ajouté celui qui a présidé la commission d'enquête sur le scandale des commandites qui portera son nom dans les livres d'histoire. « Depuis longtemps, cette situation exige un réexamen. »

Depuis sa retraite, le juge Gomery a présidé le Conseil de presse du Québec. Il a aussi présidé une campagne de financement du parti de l'opposition Projet Montréal.

« APPARENCE DE PARTIALITÉ »

Hier, La Presse a souligné qu'un rapport du comité chargé de se prononcer sur le salaire des juges signalait une «  apparence de partialité institutionnelle  » chez les juges de paix magistrats parce que la plupart d'entre eux proviennent des rangs de l'État, notamment de la Couronne.

Quatre-vingt-quatorze pour cent des juges de paix magistrats nommés au cours des neuf dernières années provenaient en fait «  du gouvernement et de ses organismes ».

L'attachée de presse de la Cour du Québec n'a pas rappelé La Presse.

- Avec Tristan Péloquin, La Presse