Une juge d'Edmonton a accepté vendredi d'assouplir certaines conditions de libération sous caution imposées en mai à Omar Khadr, en attendant l'audition de son appel aux États-Unis.

Le couvre-feu imposé à l'ex-prisonnier de Guantanamo est ainsi modifié pour lui permettre de suivre ses cours du soir jusqu'à 22 h et de participer à la séance matinale de prières. L'avocat de M. Khadr a expliqué au tribunal que le Canadien étudie présentement pour devenir technicien ambulancier.

M. Khadr, aujourd'hui âgé de 29 ans, souhaitait aussi pouvoir visiter sa famille à Toronto et se débarrasser du dispositif de surveillance à distance qu'il porte à la cheville, mais la juge June Ross a mis ces requêtes en délibéré. M. Khadr doit revenir devant le tribunal vendredi prochain.

Omar Khadr était âgé de 15 ans lorsqu'il a été arrêté en Afghanistan à la suite d'un affrontement avec des soldats américains, en 2002. Il est devenu alors le plus jeune détenu à la célèbre prison américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba. Reconnu coupable par une commission militaire américaine de crimes de guerre - notamment du meurtre d'un soldat -, il a été condamné en 2010 à huit ans de prison, en plus des huit années déjà passées en détention préventive.

Il a obtenu en 2012 son transfert dans une prison canadienne, et a été libéré sous caution en mai dernier en attendant l'audition de son appel aux États-Unis. Ses conditions de libération prévoyaient notamment qu'il demeure chez son avocat et qu'il ne communique avec sa famille qu'en anglais, et sous supervision.

Certains membres de sa famille ont déjà exprimé des sympathies pour l'organisation terroriste Al-Qaïda, mais Omar Khadr soutient que ces proches n'ont jamais commis d'actes illégaux, et que lui-même est maintenant un adulte majeur et indépendant. « Même si des membres de ma famille voulaient exercer une influence sur mes croyances religieuses ou sur quoi que ce soit d'autre, ils ne pourraient pas me contrôler ou m'influencer de façon négative », soutient M. Khadr.

Il a plaidé devant le tribunal que sa grand-mère est malade, à Toronto, et que son grand-père parle très peu anglais. Il voudrait donc pouvoir leur rendre visite, seul, mais aussi revoir toute sa famille, lors d'un séjour dans la métropole canadienne. Il a aussi plaidé que le dispositif de surveillance à distance qu'il doit porter à la cheville est inconfortable, et qu'il s'est déclenché plusieurs fois par erreur.

L'avocat Nathan Whitling a indiqué dans la requête que les conditions imposées à son client « ne sont plus nécessaires, ou ne sont plus dictées par l'intérêt public ».

Le gouvernement fédéral, qui fait appel de la libération sous caution dans son ensemble, ne s'est cependant pas opposé aux assouplissements sur le couvre-feu accordés vendredi par la juge Ross. Le gouvernement canadien a souvent qualifié M. Khadr de terroriste impénitent, qui devrait purger la totalité de sa peine.