(Paris) Plusieurs centaines de mètres carrés de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté, prévu pour ondoyer au gré des éléments, ont été déroulés dimanche sur l’un des côtés de l’Arc de Triomphe, opération lançant la dernière ligne droite de l’empaquetage du monument parisien.

Du 18 septembre au 3 octobre, le rêve de jeunesse de Christo (décédé en mai 2020) et de son épouse Jeanne-Claude, sera réalisé : haut-lieu des commémorations françaises, l’Arc de Triomphe, haut de 50 m, sera intégralement transformé en gigantesque paquet-cadeau, maintenu par 3000 m de corde rouge. En 1985, Christo avait déjà empaqueté ainsi à Paris le Pont-Neuf, enjambant la Seine.

Après des semaines de préparatifs, une équipe de 95 cordistes s’est lancée dimanche matin depuis le sommet de l’Arc de Triomphe pour déployer, côté avenue de Wagram, un premier rouleau de tissu.  

L’empaquetage (25 000 m2 de tissu) se poursuivra jour et nuit pour être fin prêt le 18 septembre, jour de l’inauguration.

« Aujourd’hui, c’est un des moments les plus spectaculaires de l’installation. L’Arc de Triomphe empaqueté commence à prendre vie et se rapproche plus encore de la vision de ce qui a constitué le rêve de toute une vie pour Christo et Jeanne-Claude », a confié Vladimir Yavachev, neveu de l’artiste qui supervise le projet.

« Le 18 septembre au matin, une fois que nous aurons fini de disposer les cordes et d’apporter les dernières touches, les grilles de protection du chantier en cours seront retirées pour permettre gratuitement au public de venir, de voir et de toucher l’œuvre d’art ».

L’empaquetage de l’Arc de Triomphe « sera comme un objet vivant qui va s’animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle », expliquait Christo en présentant son ultime projet, deux ans avant sa mort.

Dès 1962, Christo et Jeanne-Claude avaient signé un photomontage avec l’Arc de Triomphe empaqueté, une idée surgie en regardant le monument depuis leur premier appartement parisien, avenue Foch.

D’un coût de 14 millions d’euros (21 millions de dollars canadiens), le projet est entièrement autofinancé, sans subvention publique, grâce à la vente d’œuvres originales de Christo, dessins préparatoires, souvenirs, maquettes et lithographies.

Samedi, dans le quotidien Le Monde, l’architecte Carlo Ratti, l’un des amis de Christo, a cependant appelé, dans une tribune, à abandonner « l’esthétique des emballages à haut gaspillage ».

« Je propose que l’on arrête d’emballer l’Arc de triomphe, tant pour des raisons environnementales qu’intellectuelles. Sur le plan environnemental, pouvons-nous nous permettre de gaspiller 25 000 m2  de tissu pour l’emballage d’un monument ? L’industrie de la mode est responsable de 10 % des émissions mondiales de carbone », écrit Carlo Ratti.

Sollicité par l’AFP, le neveu de Christo n’a pas souhaité réagir.