Eminem et 50 Cent n'ont qu'à bien se tenir : la Chine a concocté un étonnant clip rap pour vanter la session annuelle de son parlement, aux paroles validées par la propagande du Parti communiste chinois (PCC).

Les médias d'État publient régulièrement ces dernières années des vidéos destinées à un public étranger lors des grandes manifestations du régime. Et la production 2019 détonne dans un pays qui a mis le rap à l'index à la télévision.

L'agence de presse Chine nouvelle a mis en ligne un clip à la production soignée, où un rappeur à capuche vante la politique nationale dans un style aux antipodes de l'atmosphère compassée des réunions des dirigeants du pays.

Les paroles en anglais, chantées sur un rythme endiablé, font référence aux deux sessions parlementaires annuelles qui se déroulent à Pékin jusqu'au 15 mars - celle de la chambre consultative et celle de l'Assemblée nationale populaire (ANP).

« J'ai eu une exaltation/en écrivant une chanson/pour complimenter la nation/à propos des deux sessions », slamme le rappeur Su Han, alors que défilent des images de drapeaux rouges sur le siège du parlement.

Mesures antipollution, progrès scientifiques, recul de la pauvreté, envoi d'une sonde sur la Lune : les paroles rimées louent les grandes réalisations mises en avant par le gouvernement.

« Roi singe vers l'Occident, dragon légendaire vers le ciel. Vous savez tous que c'est l'heure du miracle chinois », proclame Su Han sur fond d'images de macaques clonés ou du programme spatial national.

D'autres paroles sont moins évidentes, comme lorsqu'il incite à « éjecter la rapacité comme on se débarrasse d'un calcul urinaire », alors que sont projetées des images d'un coucher de soleil.

Les services de propagande publient régulièrement des vidéos sur YouTube ou Twitter, destinées à rendre le message du PCC plus digeste pour les étrangers.

Depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping fin 2012, « ceux-ci travaillent plus étroitement avec des publicitaires et des experts en relations publiques pour créer ce genre de contenu », note Florian Schneider, professeur à l'université de Leyde (Pays-Bas) et spécialiste de la communication politique chinoise.

En 2015, un dessin animé déjanté, avec combi Volkswagen et boule à facettes, faisait la promotion du plan quinquennal (2016-2020). L'année suivante, un autre film d'animation sur fond de rap tentait de promouvoir une des obscures théories politiques du PCC, « les quatre intégralités ».