Le Grand Montréal envisage de faire exploser la taxe sur l’immatriculation des véhicules afin de renflouer les transports en commun, a appris La Presse.

Ce qu’il faut savoir

  • Les maires du Grand Montréal étudient des scénarios qui feraient exploser la taxe sur l’immatriculation.
  • Ces augmentations serviraient à financer les transports en commun.
  • Les négociations avec Québec continuent pour trouver une solution au déficit récurrent du secteur.

Derrière des portes closes, les maires de la région se sont récemment penchés sur des scénarios où cette contribution annuelle de 59 $ par véhicule pourrait passer à 120 $, 180 $, voire 228 $ dans le Grand Montréal. Cette taxe est directement perçue par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Selon nos informations, des maires se sont dits plutôt ouverts à l’idée d’augmenter substantiellement cette taxe, dont Valérie Plante. D’autres se sont exprimés contre l’idée, dont le maire de Laval, Stéphane Boyer. Ses résidants et les autres automobilistes des banlieues n’ont commencé à payer cette taxe que le 1er janvier 2024 : elle s’appliquait jusque-là uniquement à l’île de Montréal.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La taxe sur l’immatriculation des véhicules est directement perçue par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Vendredi, le cabinet de la mairesse Valérie Plante a ménagé ses options.

« L’augmentation de la taxe sur l’immatriculation des véhicules n’est pas une option souhaitée par la Ville de Montréal ni une baisse de service de transport collectif », a indiqué l’attachée de presse Catherine Cadotte.

« Tout dépend de la proposition de financement du ministère des Transports de la Mobilité durable attendue impatiemment par les villes, les sociétés de transport et la population », a-t-elle continué.

Tous les [ordres de gouvernement] devront faire leur part, incluant le gouvernement du Canada.

Catherine Cadotte, attachée de presse du cabinet de la mairesse de Montréal

Dans une déclaration écrite transmise par son cabinet, le maire de Laval a repoussé la solution fiscale. « Deux choses sont importantes pour moi. D’abord, rencontrer la ministre. Le temps presse », a-t-il dit. « Ensuite, il faut trouver une solution pérenne et conjointe. Si on n’y arrive pas, on va rentrer dans le cercle vicieux de la diminution de l’offre de service. Pour moi, l’augmentation des taxes c’est vraiment la dernière des options. »

Le cabinet de la mairesse de Longueuil n’a pas émis de commentaire.

« Différents scénarios possibles »

Ce débat survient dans un contexte de tensions entre le monde municipal et le ministère des Transports.

Pour une deuxième année consécutive depuis le début de la pandémie, Québec a annoncé son refus de combler sans condition le déficit du transport collectif créé par la baisse de fréquentation des bus et du métro.

L’automne dernier, les négociations s’étaient prolongées jusqu’à la onzième heure, Québec acceptant finalement d’éponger 70 % de la facture. « Ça ne peut plus continuer comme ça, il faut gérer les fonds publics de manière serrée », avait toutefois lancé la ministre Geneviève Guilbault en accordant l’argent.

Elle avait d’ailleurs lancé une série d’audits sur les différents opérateurs afin de trouver des pistes d’économie et d’amélioration de la performance.

Vendredi, son cabinet n’a pas voulu commenter nos informations sur les débats concernant la taxe sur l’immatriculation.

« Nous étudions actuellement les différents scénarios possibles pour boucler le cadre financier du transport collectif métropolitain 2025 », a réagi la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), par l’entremise de la conseillère en communications Catherine Barbeau. « Aucune décision n’a encore été prise, puisque nous devons avant tout connaître la contribution du gouvernement, qui est essentielle et déterminante pour la suite. »

Une taxe en expansion

La taxe sur l’immatriculation des véhicules montréalais avait été créée en 2011 afin de contribuer au financement du transport collectif. Chaque automobiliste de l’île payait 45 $ par année et par véhicule au moment de renouveler l’immatriculation.

« On ne peut plus financer les investissements [en transports en commun] par les taxes foncières. Si on veut réaliser ces projets le plus rapidement possible, il faut une nouvelle source de revenus », affirmait à l’époque Gérald Tremblay. « L’argent des Montréalais va servir à améliorer la qualité des services pour les Montréalais. »

À l’époque, les autres maires du Grand Montréal avaient rejeté l’idée.

En 2020, les élus de banlieue s’y étaient ralliés, mais Québec s’y opposait. « C’est non. Il n’y aura pas de taxe de 50 $ pour les automobilistes des banlieues », disait alors François Bonnardel, ministre des Transports. Après des soucis de nature technique, la SAAQ a finalement imposé la taxe (rehaussée à 59 $) à partir du 1er janvier dernier.