C’est finalement une réalité : depuis mercredi, les usagers du transport collectif du Grand Montréal peuvent recharger leur carte OPUS avec un téléphone mobile. D’ici la fin 2024, il devrait aussi être possible de payer à bord de certains autobus, voire du métro, avec une carte bancaire, comme c’est déjà le cas à Laval.

« On est très confiants que tout va bien se passer », explique en entrevue le directeur général de l’Autorité régionale de transport métropolitain, Benoit Gendron, qui a visité ces derniers jours le métro pour montrer cette nouvelle technologie aux usagers. Une vidéo promotionnelle sera d’ailleurs lancée prochainement.

Plusieurs phases de tests avaient lieu depuis déjà plusieurs semaines sur le futur système de recharge OPUS mobile, qui fonctionne par l’entremise de l’application déjà existante, Chrono. Au total, 15 000 Montréalais ont pu tester l’application et du nombre, environ 97 % d’entre eux sont parvenus à se procurer des titres. Le 3 % restant provenait d’erreurs de manipulation ou de bogues techniques qui ont depuis été corrigés.

Déjà en place dans plusieurs autres grandes villes dans le monde, autant en Europe qu’en Amérique du Nord, la recharge mobile permet à l’usager d’approcher sa carte OPUS de son téléphone, d’en consulter le contenu grâce à une application et d’acheter des titres pour ensuite les ajouter à sa carte.

Il ne sera toujours pas possible de présenter son téléphone aux tourniquets ; cela devrait être fait d’ici 2026. Autrement dit, il faudra pour le moment continuer d’utiliser sa bonne vieille carte physique bleu et orange. « On est à la limite du système OPUS. Présentement, l’intelligence est sur la carte », affirme M. Gendron.

Son groupe finalise un appel d’offres qui lui permettra de sélectionner un fournisseur pour transformer le système OPUS, qui est basé sur la carte, à un système numérique à 100 %. « La carte va devenir un système, un genre de compte client qui va être dans le nuage pour faire toutes les transactions », illustre le DG.

« On est en train de regarder à savoir si on conserve la marque OPUS, qui est très connue. Il n’y a aucune décision qui est prise au moment où on se parle », ajoute M. Gendron, qui assure toutefois que peu importe la décision, ceux et celles qui veulent continuer d’utiliser une carte physique pourront le faire.

Payer par Interac… dès l’automne

À plus court terme, l’ARTM annonce également ce mercredi qu’elle devancera à l’automne 2024 l’arrivée du paiement par carte de débit Interac ou de crédit. Il devrait en effet être possible de le faire dans « certains réseaux » d’ici cet automne, affirme le gestionnaire.

Pour l’instant, seuls les usagers de la Société de transport de Laval (STL) peuvent le faire dans la région métropolitaine, et ce depuis l’été dernier en formule permanente. La Société de transport de Montréal (STM), le Réseau de transport de Longueuil (RTL), exo et le Réseau express métropolitain (REM) attendent toujours cette fonctionnalité.

Notons par ailleurs qu’à Québec, le Réseau de transport de la capitale (RTC) offre déjà depuis un moment la possibilité de se procurer un titre depuis son téléphone, avec une carte bancaire ou de crédit.

L’arrivée de la recharge mobile s’inscrit dans la vaste transformation numérique en cours à l’ARTM. D’ici 2027, un système « multi-modes » sera déployé, possiblement au moyen de la même application mobile, en réunissant le métro, le bus, le REM, l’autopartage, le vélopartage, le taxi, le covoiturage ou encore la trottinette électrique.

Bref, tout devrait être livré d’ici trois ans, tout au plus. Benoit Gendron reconnaît que cette vaste réforme « ne s’est pas faite à la vitesse qu’on aurait souhaitée ». « La pandémie est venue nous priver de 90 % de nos usagers, donc les enjeux étaient davantage ciblés sur le fait de reconquérir la clientèle et maintenir les services que de faire un développement technologique », se justifie-t-il.

Dans l’immédiat, l’ensemble des sociétés de transport ont salué mercredi l’arrivée de la recharge mobile. « Aujourd’hui, c’est un premier pas vers une expérience client grandement améliorée », a souligné la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard. « On retire ainsi une barrière importante à l’utilisation du transport collectif », a évoqué le directeur général d’exo, Sylvain Yelle.

En savoir plus
  • 144 millions
    Fin août, La Presse révélait que cette transformation, baptisée projet « Concerto », coûterait 144 millions, avec un budget pour les imprévus de 18,5 millions, pour un total de 162 millions. L’ARTM évalue que ces investissements rapporteraient 364 millions de retombées d’ici 2035.