C’est la dernière ligne droite pour le mégaprojet Royalmount, qui doit livrer en août prochain sa première phase commerciale. La passerelle enjambant l’autoroute pour faire le lien avec le métro sera d’ailleurs installée ce week-end, sous haute surveillance.

Ce qu’il faut savoir

  • La première phase du projet Royalmount doit voir le jour en août prochain.
  • Le promoteur Carbonleo installera ce week-end la passerelle piétonnière se connectant à la ligne orange du métro de Montréal.
  • Une deuxième phase comprenant notamment des bureaux verra le jour plus tard.
  • Le volet résidentiel est toujours en suspens.

« On a 1000 travailleurs qui sont sur le site actuellement et bientôt, dans quelques semaines, ça va monter à 2000 », affirme l’associé chez le promoteur Carbonleo, Claude Marcotte, avec qui nous visitons cette énorme zone de travaux qui prend place au coin des autoroutes 15 et 40.

Le chantier de la première phase du projet, qui comprendra plusieurs commerces de luxe, des restaurants ainsi qu’un cinéma, avait été lancé en 2019. Il a toutefois dû être mis sur pause pendant plusieurs mois durant la crise sanitaire et devrait finalement voir le jour à la mi-août. Son coût est évalué à 1,5 milliard de dollars.

Jusqu’ici, presque 90 % des espaces locatifs disponibles sont loués et la totalité d’entre eux « devraient l’être en août », affirme M. Marcotte.

Une deuxième phase comprendra des bureaux, des salles de spectacle, un parc linéaire et un aquarium, entre autres. On ignore toutefois quand cette deuxième étape verra le jour.

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Claude Marcotte, associé chez le promoteur Carbonleo

On n’a pas encore défini quand on lance [la deuxième phase]. Honnêtement, on est déjà débordés avec le fait de sortir ce projet-là de terre.

Claude Marcotte, associé chez le promoteur Carbonleo

« Cela dit, on a une demande très importante pour le bureau, donc on risque de partir plus vite qu’on pensait. Il y a beaucoup d’entreprises qui veulent venir s’installer ici, avec tous les services que ça implique. On veut vraiment livrer une communauté complète », poursuit Claude Marcotte.

Une passerelle… et une gigantesque grue

C’était l’une des recommandations du comité de travail visant à améliorer la mobilité dans le secteur Namur-De La Savane : construire une passerelle enjambant l’autoroute Décarie pour rejoindre le métro De La Savane, sur la ligne orange. Préfabriquée en usine dans les derniers mois et conçue par la firme Sid Lee Architecture, cette passerelle sera finalement mise en place ce week-end. L’installation doit se dérouler la nuit.

Elle fait 600 pieds de long, environ 13 pieds de large et est séparée en cinq sections. Son coût, initialement évalué à 25 millions, sera de 50 millions en raison de dépassements de coûts liés à l’approvisionnement, notamment.

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Quelque 1000 travailleurs s’activent sur le mégachantier du projet Royalmount actuellement.

« C’est un espace épuré, mais surtout aéré, haut et très large », lance le chef de la direction de Carbonleo, Andrew Lutfy.

C’est vraiment spécial comme objet [la passerelle], et c’était important pour nous que ça soit là dès le départ.

Andrew Lutfy, chef de la direction de Carbonleo

Il faut dire que l’opération pour poser cette large structure sur ses piliers d’acier est pour le moins délicate et surtout dépendante des aléas de la météo. L’entreprise a fait appel aux services de Grues Guay, qui détient « l’une des plus grosses grues en Amérique », pouvant lever jusqu’à 1000 tonnes, pour réussir cet exploit.

Condos ou pas ?

À terme, le projet Royalmount devrait friser les 10 milliards de dollars, l’idée de plusieurs autres phases n’étant pas exclue. « On voit ça sur environ 15 ans pour la suite », dit Claude Marcotte.

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Claude Marcotte présentant une maquette du projet Royalmount.

La question de la construction résidentielle n’est néanmoins toujours pas réglée, la résistance étant bien réelle au niveau municipal. Le maire de Mont-Royal, Peter Malouf, avait fait de son opposition au volet résidentiel de ce projet l’un des éléments centraux de la campagne l’ayant porté au pouvoir.

« C’est connu dans les secteurs industriels : du moment qu’on commence à faire du résidentiel dans de l’industriel, ça ne coexiste pas très bien. L’industriel, ça fonctionne 24/7, avec de gros camions, de la machinerie, des odeurs, de la poussière », avait expliqué M. Malouf.

Bref, le zonage n’a encore jamais permis un usage résidentiel. Chez Carbonleo, on juge au contraire que le projet pourrait très bien avoir une telle vocation, en raison de sa proximité avec le métro et la concentration des services.

Sur le plan financier pour les autorités municipales, « c’est une opportunité exceptionnelle puisque la majorité des services publics sont financés par le projet », dit M. Marcotte, qui a « l’intention de travailler avec les villes concernées » afin de parvenir à ajouter des unités d’habitation.

À Montréal, la mairesse Valérie Plante soutient pour sa part la construction d’unités résidentielles, mais réclame qu’une bonne partie des unités construites deviennent du logement social et abordable, ce que le promoteur refuse pour l’instant de faire. Sur la forme, Mme Plante s’est déjà maintes fois opposée au projet, en craignant la congestion que cela ajouterait au secteur déjà fortement achalandé des autoroutes 15 et 40.

Dans le milieu commercial, le Royalmount suscite aussi des inquiétudes. L’Association des Sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM) s’est entre autres montrée préoccupée par l’impact qu’aura un tel projet sur les petits commerces à proximité.

En savoir plus
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    C’est le nombre d’intersections qui bénéficieront de feux de circulation synchronisés sur le chemin de la Côte-de-Liesse, à proximité du projet, dans l’optique de fluidifier la circulation automobile. Deux voies seront aussi ajoutées, pour un investissement total de 20 millions.
    Source : carbonleo