Une ferme en pleine ville ? C’est le projet inusité d’une entreprise montréalaise qui espère faire pousser laitues et fines herbes – et éventuellement élever des poissons – sur l’avenue du Parc.

Daniel Feinglos, l’entrepreneur à l’origine de l’idée, a déjà acheté les trois bâtiments qu’il compte transformer. Le projet a reçu un feu vert préliminaire de l’arrondissement, mais devra encore faire l’objet d’approbations.

« Ce serait beaucoup plus facile de le faire dans un quartier industriel ou agricole », a convenu M. Feinglos, cette semaine, en entrevue avec La Presse. « Mon but, c’est de réduire la distance physique entre le consommateur et le producteur, mais aussi la distance conceptuelle. »

« Le but, c’est de vendre aux gens sur place, pour qu’ils se reconnectent à l’agriculture », a expliqué Philippe Réaud, le directeur des opérations de l’entreprise.

ILLUSTRATION OWEN ROSE ARCHITECTE

Rendu architectural des façades transformées

Son entreprise, Agriculture du coin, espère produire des tonnes de légumes-feuilles chaque année dans ses installations situées entre les avenues Laurier et Fairmount, qui devraient aussi comprendre un café. Deux des bâtiments, d’anciens restaurants, étaient désaffectés depuis un incendie survenu en 2021. Le troisième, l’ancien bar de danseuses nues Exxotica, devrait aussi être transformé.

M. Feinglos est actuellement à la recherche de financement supplémentaire pour intégrer un élevage de poissons sur place.

Si les immeubles sont achetés, les détails du projet sont encore en mouvement. Des plans présentés il y a quelques mois à l’arrondissement prévoyaient de grands bassins d’élevage d’ombles chevaliers (des cousins du saumon) dans le sous-sol des triplex.

M. Feinglos a présenté la même idée à La Presse en début de semaine, avant d’indiquer jeudi que du financement supplémentaire serait nécessaire pour le volet piscicole.

Début prévu de la production : fin 2025. Pour l’instant, l’entreprise a ouvert une boutique de matériel d’agriculture locale sur l’avenue Laurier, qui porte aussi le nom d’Agriculture du coin.

  • La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

  • La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

  • La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

  • La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

  • La boutique Agriculture du coin vend des articles d’hydroponie, entre autres.

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Un « a priori favorable » des autorités

Le projet est insolite, mais l’entreprise de M. Feinglos s’est associée à une pléthore de professionnels et de consultants pour élaborer cette transformation.

En entrevue, l’architecte Owen Rose reconnaît que le dossier est « très compliqué » sur le plan technique, parce qu’il suppose de « travailler avec deux bâtiments centenaires, les réunir ensemble et mettre tous ces équipements à l’intérieur ». Le processus d’approbation réglementaire, lui, se passe plutôt bien jusqu’à maintenant, de l’avis de M. Rose.

« La Ville traite ce genre de travail comme si c’était une microbrasserie », a-t-il illustré.

L’architecte du projet fait valoir que la ferme ne causera pas de désagréments sur le plan des odeurs ou du camionnage, par exemple.

Du côté municipal, l’élue locale Marie Plourde voit d’un bon œil le développement du projet de ferme aquaponique dans son district du Mile End.

« Il y a un a priori favorable face au projet », a-t-elle expliqué en entrevue téléphonique. « En matière de développement durable, c’est sûr que ça gagne beaucoup, beaucoup de points. Ce n’est pas toutes les rues qui auraient pu accueillir ce projet-là, mais l’avenue du Parc […] est un lieu qui serait intéressant pour un tel projet. »

Le système de zonage actuel « était très logique quand il s’agissait de séparer les industries très polluantes des quartiers résidentiels, mais maintenant ça crée des divisions pas nécessaires, qui séparent les gens des choses utiles à avoir à proximité », fait valoir Daniel Feinglos en entrevue.

Le promoteur devra toutefois aussi tenter de convaincre ses futurs voisins de l’opportunité d’habiter à côté d’une ferme urbaine. « Il faut limiter toutes les nuisances », a affirmé Mme Plourde. « C’est pourquoi il est super important que les voisins viennent se prononcer dans le cadre de l’assemblée publique qui va être tenue éventuellement, quand le processus va progresser. » L’arrondissement veut aussi limiter les risques que les bâtiments deviennent des éléphants blancs irrécupérables si le projet de ferme tombe à l’eau.