Sa découverte par Champlain
Fréquentée par les Iroquoïens depuis des centaines d’années, l’île Sainte-Hélène est nommée ainsi en 1611 par Samuel de Champlain en l’honneur de sa femme, Hélène Boullé. Elle sera concédée en 1655 à Charles Le Moyne puis rattachée à sa seigneurie de Longueuil. Celui-ci y fait construire les premiers bâtiments : un manoir en pierre, un pressoir à cidre, une bergerie, une étable-écurie et un moulin. Pendant longtemps, l’île servira de résidence d’été à la famille Le Moyne, qui y reçoit des dignitaires.
La période militaire
En 1818, le gouvernement britannique en fait l’acquisition et entreprend aussitôt la construction d’installations pour y loger des militaires. Un fort y est notamment bâti au moment où Montréal est considéré comme vulnérable à une attaque américaine, la guerre anglo-américaine venant à peine de se conclure. Jusqu’à 600 hommes seront notamment logés dans l’arsenal en 1837-1838. L’île conservera en partie un caractère militaire et d’emprisonnement jusqu’aux deux guerres mondiales.
L’inauguration
À la suite de la Confédération, en 1870, l’armée britannique se retire de l’île et la Ville de Montréal entame des discussions avec le gouvernement canadien afin de pouvoir l’utiliser. L’idée est poussée par le maire de l’époque, Aldis Bernard, dont le court mandat (1873-1875) sera consacré à la réalisation de grands parcs publics, d’où son surnom de « maire des parcs ». Le 9 février 1874, l’accès à l’île est officialisé au conseil municipal. Quelques mois plus tard, en juin, pas moins de 6000 Montréalais s’y rendent en bateau à vapeur pour assister à un concert en plein air marquant l’inauguration du parc.
Les grands travaux
La construction du pont du Havre (renommé pont Jacques-Cartier), inauguré en 1930, facilite l’accès à l’île Sainte-Hélène, à pied ou en voiture. L’architecte-paysagiste Frederick Gage Todd élabore alors un premier grand plan d’aménagement qui prévoit la construction de plusieurs installations et le raccordement de l’île Ronde (où est aujourd’hui situé le parc d’attractions du même nom). En 1962, Montréal est choisi pour
accueillir l’exposition universelle de 1967, qui marquera le centenaire du Canada. Les îles du Saint-Laurent sont retenues comme site et le projet d’agrandissement de l’archipel, de Todd, reprend vie avec la création d’une île artificielle, l’île Notre-Dame, grâce au dragage du fleuve et à l’excavation du métro.
La consécration
L’Exposition universelle et internationale, appelée communément Expo 67, propulse la métropole sur la scène internationale. L’évènement, ayant pour thème « Terre des Hommes », accueille 62 nations. Plus de 100 pavillons thématiques sont construits et le site reçoit 50 millions de visiteurs en six mois. Quelques années plus tard, un bassin de 2,2 km de long est aménagé sur l’île Notre-Dame pour tenir les compétitions d’aviron et de canoë-kayak à l’occasion des premiers Jeux olympiques organisés au Canada, en 1976. Deux ans plus tard, l’île Notre-Dame accueille à nouveau une compétition de calibre internationale : le Championnat du monde de Formule 1, remporté cette année-là par Gilles Villeneuve.
Une cure de rajeunissement
La tenue de ces deux derniers évènements a toutefois des répercussions sur les pavillons d’Expo 67. De la centaine initiale, il n’en reste que sept, dont celui des États-Unis, renommé Biosphère, en 1968, par le maire Jean Drapeau. Le parc est d’ailleurs également renommé en 1999 du nom de celui qui possède encore le record de longévité à la tête de la Ville. Le parc Jean-Drapeau est devenu depuis le site de nombreux évènements culturels, dont le festival Osheaga, qui s’y tient chaque année depuis 2006. En avril 2021, la Société du parc Jean-Drapeau présente un plan directeur prévoyant des investissements de près de 1 milliard sur 10 ans afin de lui offrir une cure de rajeunissement.
Sources : Héritage Montréal, la Ville de Montréal et le parc Jean-Drapeau