Dominique Ollivier poursuit les médias de Québecor pour 1,7 million dans la foulée du scandale qui l’a emportée l’automne dernier et assure en entrevue qu’elle compte terminer son mandat de conseillère municipale.

Dans sa poursuite, l’ex-lieutenante de Valérie Plante accuse Le Journal de Montréal et TVA d’avoir mené une « importante campagne de salissage » qui compromet « de façon durable sa carrière politique ».

« La présentation qui a été faite [de ses dépenses par les médias] porte un préjudice certain à mes prochaines années et a mis un stress qui était vraiment indu », a dit Dominique Ollivier, vendredi, en entrevue avec La Presse. « Comment peut-on faire une carrière politique si les électeurs ne vous font plus confiance sur la base d’informations qui ne sont pas justes ou qui ne sont pas entièrement contextualisées ? »

Pour moi, c’est assez clair qu’il y avait une intention qui était d’arrêter le travail que j’étais en train de faire.

Dominique Ollivier, conseillère municipale et ancienne présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

Dominique Ollivier réclame environ 600 000 $ en perte de salaire potentiel, 500 000 $ en dommages moraux et 500 000 $ en dommages exemplaires.

Appelée à réagir, Québecor n’a pas répondu à La Presse.

« Créer un scandale »

L’automne dernier, Dominique Ollivier s’est retrouvée au centre d’une série de reportages portant sur les dépenses de voyage et de repas des dirigeants de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Elle a présidé l’organisation de 2014 à 2021. Les médias de Québecor rapportaient notamment que Mme Ollivier avait engagé près de 18 000 $ de fonds publics en dépenses de restaurant et de voyage en quatre ans. Un souper d’huîtres à 347 $, consommé en 2016 dans un restaurant parisien, a particulièrement marqué les esprits.

La poursuite de Mme Ollivier ne relève pas d’erreurs factuelles directes dans les reportages de Québecor. Elle accuse plutôt les médias du groupe d’avoir tronqué les faits, de les avoir présentés de façon malhonnête ou incriminante dans le « but très précis » de « créer un scandale ». Surtout, d’avoir omis (à son avis) le fait que ces dépenses étaient autorisées et approuvées.

Elle défend par ailleurs son fameux souper aux huîtres, assurant que la dépense était « parfaitement légitime ». Mi-novembre, Dominique Ollivier reconnaissait que « ce n’est pas parce que des dépenses sont légales et permises qu’elles sont acceptables ».

« J’ai un mandat qui est légitime »

Trois mois après la tempête, la voix de Dominique Ollivier est fébrile, mais assurée. En 20 minutes d’entrevue, l’émotion ne viendra jamais la briser. Il y a deux semaines, elle participait à la réunion du conseil municipal, dans la deuxième rangée plutôt qu’à son ancien pupitre juste à droite de la mairesse.

J’ai l’intention de continuer mon mandat et de terminer mon mandat. Parce que la base, ce sont les gens qui vous ont élue, vos électeurs.

Dominique Ollivier, conseillère municipale et ancienne présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

« J’ai un mandat qui est légitime, pour lequel on ne me reproche rien », a dit la conseillère municipale du district du Vieux-Rosemont.

Mi-novembre, Valérie Plante affirmait que Mme Olliver ne reviendrait jamais à la présidence du comité exécutif de la Ville de Montréal, mais n’excluait pas de la réintégrer à titre de membre.

Jeudi, elle n’était toutefois pas parmi les élus qui ont accédé à l’instance dans le cadre du mini-remaniement annoncé par la mairesse. « Mme Ollivier est toujours membre de Projet Montréal et de notre caucus », a dit Mme Plante, questionnée à ce sujet. « Je la remercie pour le travail qu’elle a fait. […] Elle va continuer de faire partie de notre équipe, mais différemment. »

Les nominations au comité exécutif, « ça lui appartient », a réagi la principale intéressée. Mais « je n’ai pas l’intention de faire profil bas », a-t-elle continué. « Je n’ai absolument pas à rougir de quoi que ce soit. […] Je fais le travail pour lequel les gens m’ont élue et que je dois faire. »