La filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, CDPQ Infra, se retire du projet de prolongement du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud, un tracé le long du boulevard Taschereau qui est à l’étude depuis plusieurs années.

« Un projet sur la Rive-Sud nécessiterait de mobiliser des équipes qui ne sont pas disponibles à l’heure actuelle », a en effet confirmé lundi la directrice médias pour CDPQ Infra, Michelle Lamarche, en citant notamment l’importance d’assurer la fiabilité de l’antenne Rive-Sud du REM et les travaux menés pour les autres antennes du REM qui entreront en test ce printemps.

Le nouveau projet d’étude dans la ville de Québec, devant remplacer l’ancienne mouture du tramway, a aussi pesé dans la balance, selon Mme Lamarche.

Dans tous les cas, les paramètres de travail, tels que les plans d’aménagement des villes et le contexte économique, ont changé depuis les dernières années, et les études qui avaient été réalisées nécessiteraient d’être actualisées.

Michelle Lamarche, directrice médias pour CDPQ Infra

Il s’agit d’un revirement important dans le dossier. Lundi matin, le président et chef de la direction de CDPQ Infra, Jean-Marc Arbaud, avait pourtant affirmé que le projet du REM Rive-Sud était toujours en élaboration. « On va avoir une réunion pour faire un point prochainement avec le gouvernement et donner les grands paramètres qui avaient été regardés en termes de corridors », avait-il soutenu en entrevue avec l’animateur Patrick Masbourian.

Une rencontre cruciale

Cela fait maintenant plus de trois ans que CDPQ Infra étudie le projet de mobilité structurant pour la Rive-Sud de Montréal, dans l’axe du boulevard Taschereau.

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, avait d’ailleurs montré des signes d’impatience, en août, en répétant qu’elle attendait des nouvelles de la Caisse depuis un an et demi à ce sujet. Selon des plans préliminaires, ce prolongement devait connecter la station de métro de Longueuil à La Prairie, en se branchant entre les deux au réseau actuel du REM à la station Panama, à Brossard.

Tout s’est joué vendredi dernier, lors d’une rencontre à l’issue de laquelle les villes de Longueuil et Brossard ont demandé à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, de retirer le dossier des mains de la Caisse de dépôt. M. Arbaud était présent.

D’après nos informations, aucune avancée n’était alors à l’agenda. Les villes ont déploré le « manque de collaboration » de la Caisse depuis le début du projet. C’est finalement la Caisse de dépôt qui s’est retirée elle-même du projet peu après.

Les municipalités espèrent maintenant que le projet tombera dans la cour de la future agence des transports du gouvernement censée réduire les délais et les coûts. Québec compte déposer le projet de loi qui créerait cette agence en février, en vue d’une adoption en juin, avec objectif que l’agence soit en place en septembre.

Au gouvernement, on se réjouit d’ailleurs de ce souhait des villes, même si le départ de CDPQ Infra du projet n’est pas accueilli avec enthousiasme. La Presse a aussi révélé récemment que le gouvernement envisage qu’un tramway dans l’est de Montréal – qui a remplacé la version du REM de l’Est à 36 milliards – soit le premier projet de la future agence.

Un projet « prioritaire » pour Québec

Au cabinet de la ministre Guilbault, on indique prudemment que le projet de prolongement du REM à Longueuil demeure « prioritaire ».

« Nous partageons en effet la volonté des mairesses [Catherine] Fournier et [Doreen] Assad de doter la Rive-Sud d’un projet structurant de transport collectif, a-t-on indiqué. Nous continuerons à collaborer avec nos partenaires dans le cadre de ce projet. »

Les mairesses de Longueuil et Brossard, Catherine Fournier et Doreen Assaad, ont quant à elles confirmé la nouvelle, lundi, par l’entremise d’un communiqué commun.

« Vendredi dernier, nous avons rencontré les dirigeants de CDPQ Infra pour faire le point sur la planification du projet et avons fait le constat que sa réalisation devrait être confiée à la future entité gouvernementale présentement en élaboration par la ministre Geneviève Guilbault et son équipe », ont-elles écrit.

« À la suite de la rencontre, nous avons donc officiellement appelé le gouvernement à confier le mandat du lien structurant est-ouest de la Rive-Sud à cette nouvelle entité afin d’accélérer sa réalisation en concertation avec les villes, dont, au premier chef, Longueuil et Brossard. »

Il s’agit du deuxième revers dans la même journée pour CDPQ Infra, qui s’est fait rappeler à l’ordre lundi matin par Québec à propos des multiples pannes ayant touché le REM dans les derniers jours.

« Pour provoquer un transfert modal, il faut que nos réseaux de transport collectif fonctionnent, a martelé la ministre Guilbault. Les problématiques rencontrées depuis six mois doivent être prises au sérieux, et nous devons nous assurer que les usagers sont bien informés. »

L’histoire jusqu’ici

  • Octobre 2020 : CDPQ Infra est mandaté par Québec pour étudier la mise en place d’un réseau de transport électrifié sur la Rive-Sud, passant notamment par la station de métro de Longueuil et dans les axes du boulevard Taschereau.
  • Février 2022 : Des études « préliminaires » sont menées par CDPQ Infra pour ajouter ce tronçon, affirme le gouvernement de François Legault.
  • Août 2023 : Lors de l’inauguration du REM, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, partage quelques détails sur le tracé du futur REM sur la Rive-Sud. Elle affirme aussi ne pas avoir de nouvelles de CDPQ Infra.
  • Janvier 2024 : CDPQ Infra affirme par communiqué poursuivre ses études sur le projet, mais se retire à la fin du mois. Les trois mairesses et maires des villes concernées espèrent que le projet relèvera dorénavant de la future agence des transports du gouvernement du Québec.