Une œuvre du sculpteur Charles Daudelin a récemment disparu de son socle au métro Mont-Royal, a appris La Presse. Les enquêteurs de la Société de transport de Montréal (STM) nagent en plein mystère.

Une Bande verticale en aluminium texturé, datant de 1966, s’est récemment volatilisée du quai de la ligne orange, direction Côte-Vertu. Elle faisait partie d’un ensemble de 32 bandes, chacune unique, incrustées dans les murs de briques brunes de la station.

PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL (STM)

L’une des 32 Bandes verticales (1966) en aluminium texturé de Charles Daudelin, intégrées à la station Mont-Royal, dont l’une a disparu.

Elle « est rapportée manquante depuis quelques mois », a indiqué Kevin Bilodeau, porte-parole de la STM, dans un courriel. « Notre unité de Sûreté contrôle a étudié la question et les éléments d’enquête disponibles ne nous ont pas permis de déterminer l’origine de sa disparition. »

« C’est moi qui les ai appelés ! », s’est exclamé le fils du sculpteur, Éric Daudelin, en entrevue téléphonique.

Quelqu’un l’a arrachée, je ne sais pas pourquoi. Ils ont regardé toutes les caméras de surveillance, ils ont cherché partout, mais ils ne l’ont pas trouvée.

Éric Daudelin, fils de Charles Daudelin

M. Daudelin croit davantage à la thèse d’un vandale éméché qu’à celle d’un cambrioleur à la solde d’un collectionneur ou qu’à la thèse du ferrailleur.

D’autres œuvres de Daudelin dans l’espace public
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    PHOTO PIERRE CÔTÉ, ARCHIVES LA PRESSE

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    PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

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  • Timbre commémoratif de la sculpture Embâcle, installée à la place du Québec, à Paris

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

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Comble de malchance, c’est la bande qui se trouve juste à côté du cartel d’interprétation qui a disparu, ce qui peut laisser certains observateurs dubitatifs.

« Ça ne bouge plus »

« C’est triste, c’est plate », a dit M. Daudelin, ajoutant toutefois que la priorité était de remplacer l’œuvre disparue.

Les moules étant perdus, la seule solution serait de prendre l’empreinte de l’une des 31 bandes verticales restantes et d’en faire une copie afin de « boucher le trou ».

Le dossier n’avance pas assez vite à son goût. « Il y a un blocage quelque part », a dit Éric Daudelin, lui-même artiste visuel. « Je ne sais pas pourquoi, ça ne bouge plus. »

PHOTO ANTOINE DÉSILETS, ARCHIVES LA PRESSE

Le sculpteur Charles Daudelin (à gauche), en compagnie de l’architecte Jean-Louis Lalonde, en 1963

« La STM est à établir les prochaines étapes entourant cette situation », a indiqué Kevin Bilodeau.

Bandes verticales fait partie du premier groupe d’œuvres d’art intégrées dans les stations de métro de Montréal, au moment de la construction initiale. L’œuvre a été restaurée en 2012-2013 à l’occasion de travaux dans la station Mont-Royal. La station était aussi en chantier dans les dernières années.

« Charles Daudelin, actif pendant plus d’un demi-siècle, s’est révélé l’un des principaux artisans du renouveau en sculpture et un pionnier dans le domaine de l’art public, indique l’Ordre national du Québec. Considéré comme l’un des plus grands artistes québécois de notre siècle, il s’est mérité de nombreuses reconnaissances. » Il est mort en 2001.