La possibilité d’une baisse de service dans le métro et les bus du Grand Montréal est toujours dans l’air. Québec a mis un terme lundi aux négociations sur le financement du transport collectif avec les villes, à l’aube d’une mise à jour économique gouvernementale.

« Nous financerons 70 % du déficit des sociétés de transport en 2024. Cette offre est finale. Ce sont 265 millions qu’on octroie », a martelé le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, dans une déclaration émise en milieu d’après-midi, ce lundi.

En coulisses, on indique encore plus clairement qu’il n’y aura plus de négociations à ce stade-ci, du moins pour 2024. L’aide totale pour l’an prochain sera donc bel et bien de 265 millions, dont 238 millions pour le Grand Montréal, un chiffre qui absorbe 70 % du déficit selon le calcul que fait le gouvernement.

Québec devrait d’ailleurs inclure cette aide « finale » dans la mise à jour économique à laquelle procédera mardi le ministre des Finances, Eric Girard.

Tout cela survenait alors qu’un peu plus tôt, lundi en début de journée, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) avait officiellement fait parvenir une lettre au premier ministre François Legault, en déplorant que les revenus provenant de la taxe sur l’immatriculation « ne devraient pas être utilisés par le [ministère des Transports] dans le calcul du déficit ».

En fin de journée, la CMM a déploré en réaction une « décision unilatérale du gouvernement du Québec de mettre fin aux discussions ».

« Nous prenons néanmoins acte de cette décision et travaillerons à en évaluer les conséquences pour les citoyennes et les citoyens des 82 municipalités de la région métropolitaine, qui représentent près de la moitié de la population du Québec », écrit l’organisme.

Le déficit revu à la baisse

Dans leur lettre envoyée lundi, les 82 élus de la CMM avaient révisé leur évaluation du déficit à la baisse, à 461 millions au lieu de 532 millions. Le groupe y demande au premier ministre Legault de « verser une aide financière de 346 millions correspondant à 75 % de ce déficit résiduel révisé », ce qui requiert une bonification « de 128 millions de l’offre finale déposée par la ministre », disent-ils.

Depuis le début de ce conflit, le gouvernement et les villes du Grand Montréal ne s’entendent pas sur le calcul du déficit. Si les municipalités l’estimaient d’abord à 532 millions, Québec parle depuis quelques jours de 338 millions, un écart qu’on explique au gouvernement par une « actualisation » du cadre budgétaire de l’ARTM, des mesures d’optimisation et les revenus liés à la taxe sur l’immatriculation.

Ces derniers, estimés à 122 millions sur une base annuelle, « doivent être consacrés au développement du transport collectif », persistent les élus, qui réitèrent l’urgence de procéder vu l’adoption imminente de leurs budgets, prévue à la mi-novembre.

Une offre de service encore incertaine

On ignore encore si les coupes dans le service seront réellement mises en œuvre. Les villes avaient déjà souligné qu’une aide en deçà de 300 millions pourrait provoquer la fermeture du métro après 23 h, sur l’île de Montréal. Des réductions de trajets d’autobus et des mises à pied de chauffeurs avaient aussi été évoquées dans le Grand Montréal.

Sans une aide financière suffisante, les [sociétés de transport] seront contraintes de réduire significativement l’offre de service.

Extrait de la lettre de la CMM

À l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), on se fait encore prudent. « Nous n’avons pas encore reçu la confirmation de ces éléments. Il est trop tôt pour déterminer des scénarios concrets. Cela dit, toucher au niveau de service est certainement la dernière chose que l’ARTM et les opérateurs de transport collectif (OPTC) désirent faire », indique son porte-parole, Simon Charbonneau.

Si la question semble réglée pour 2024, un plan de financement sur cinq ans doit encore être ficelé. À plus long terme, le cabinet de Mme Guilbault se dit d’ailleurs disposé à « optimiser les investissements pour offrir aux Québécois de meilleurs services de transport collectif ».

« Pour les années 2025 à 2028, nous sommes hautement disposés à contribuer au comité de travail que Mme Guilbault mettra en place afin d’améliorer l’efficience de nos sociétés de transport », certifient quant à eux les élus municipaux.