Le protocole d’urgence du Réseau express métropolitain (REM) sera « resserré » afin d’éviter que d’autres évacuations laborieuses se reproduisent en cas de panne, assure la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Ce qu’il faut savoir

  • La Presse a révélé lundi que des ambulanciers ont eu besoin d’environ 25 minutes pour porter assistance à une femme en détresse dans le REM.
  • Le tout est survenu près de la station Panama, alors que le train était immobilisé sur les rails.
  • Se disant conscient que cela suscite des inquiétudes quant à la robustesse du protocole d’urgence, Québec promet que celui-ci sera amélioré.

« Cette situation est inacceptable. La sécurité des usagers doit toujours primer. […] On nous assure que le protocole de sécurité sera resserré et que les liens seront faits avec les services d’urgence », a indiqué lundi Mme Guilbault, par l’entremise de son cabinet.

Elle réagissait à des révélations de La Presse, qui rapportait plus tôt que des ambulanciers ont mis environ 25 minutes pour porter assistance à une femme victime d’un malaise dans un train du REM, alors que celui-ci était demeuré immobilisé entre deux stations pendant plus de deux heures.

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Le tout est survenu lundi dernier en fin de journée, à proximité de la station Panama, à Brossard. Comme il n’était pas possible de ramener le train devant la station, les ambulanciers ont dû évacuer la femme du train, mais l’intervention a été retardée par le manque d’information et de communication avec l’équipe de CDPQ Infra, la filiale de la Caisse de dépôt qui est propriétaire du REM.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault

Mme Guilbault dit d’ailleurs avoir rencontré les équipes du REM « le lendemain de l’évènement pour faire le point à ce sujet ».

En réponse à nos questions, CDPQ Infra a également précisé par courriel avoir tout récemment « exigé de ses partenaires Alstom et AtkinsRéalis un plan corrigé pour mieux assurer la qualité des opérations et améliorer significativement la gestion des incidents ».

L’opposition réclame des réponses

Dans les partis de l’opposition représentés à l’Assemblée nationale, on s’explique toutefois très mal que ces ajustements n’aient pas été faits avant le lancement du REM, en juillet.

« La sécurité des usagers est primordiale. Attendre 25 minutes pour des services d’urgence est inacceptable. CDPQ Infra doit revoir ses protocoles et travailler conjointement avec les services d’urgence », affirme sans détour le critique libéral en transport, André A. Morin.

M. Morin appelle au passage la ministre Guilbault à « prendre ses responsabilités et exiger des changements rapidement ».

Chez Québec solidaire, le porte-parole en matière de transport, Etienne Grandmont, affirme que « la confiance du public est en jeu ». « L’objectif du REM doit être d’offrir un service de transport rapide, fiable et sécuritaire. On espère que CDPQ Infra ne tournera pas les coins ronds sur l’aspect de la sécurité pour atteindre ses objectifs financiers et que son plan d’urgence soit à la hauteur », juge-t-il.

« La ministre doit exiger du REM un plan d’intervention en situation d’urgence. Tout ça est sérieusement problématique. Si ça continue, nous aurons encore des bris de service cet hiver. L’inquiétude est d’ailleurs palpable quant aux opérations du REM en conditions hivernales. Il est crucial que le REM ait aussi un plan de contingence pour cet hiver », a de son côté avancé le critique péquiste en transport, Joël Arseneau.

« Qu’est-ce qu’on aurait fait ? »

Thomas, un usager qui était présent lors de l’évènement et qui a appelé le 911, espère quant à lui voir des changements rapidement. « Si ça avait été un problème plus grave ou quelqu’un qui a besoin d’intervention immédiate, qu’est-ce qu’on aurait fait ? Il y avait vraiment une préparation qui n’était pas là, et comme usager, ce n’est pas rassurant », avait-il relaté.

Dans le milieu du transport collectif et des ambulanciers, cet évènement a aussi soulevé plusieurs inquiétudes. « C’est fâchant parce que c’était prévisible. C’était écrit dans le ciel. Dans des pannes prolongées, surtout entre les stations, on le sait qu’il va y avoir des gens qui vont paniquer plus que d’autres. Ça peut créer des situations très anxiogènes et il faut les gérer », a par exemple illustré la directrice de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon.

« Ce que ça nous prend, c’est une confirmation plus rapide et la mise en place d’un processus efficace du côté du REM pour pouvoir avoir le feu vert », avait clairement fait valoir Renaud Pilon, porte-parole de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM).