(Montréal) Un total de 188 nouvelles places d’hébergement pour personnes en situation d’itinérance et du financement pour élargir les services de certains refuges : Montréal obtient un total de 9,7 millions de dollars de Québec pour soutenir sa population de sans-abri cet hiver.

C’est ce qu’a annoncé le ministre responsable des Services sociaux Lionel Carmant à Montréal vendredi. Il était accompagné pour l’occasion par Pierre Fitzgibbon, qui est notamment ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, ainsi que de la mairesse de Montréal Valérie Plante.

Cette somme de 9,7 millions fait partie des 15,5 millions annoncés en septembre par Québec pour financer des projets de refuges à la grandeur de la province. Cette annonce avait été faite dans la foulée du dénombrement de 2022 montrant une augmentation de l’itinérance partout au Québec.

« Les refuges permettent d’accueillir les gens [en situation d’itinérance], ils sont un premier pas vers la réaffiliation, a expliqué M. Carmant en conférence de presse. Les services qu’on offre, on ne parle plus juste de mesures hivernales. On parle de choses qui vont être en place 24/7, toute l’année, ajoute-t-il. Ça permettra d’augmenter le nombre de lits sur le territoire et d’augmenter le nombre de places 24/7 sur le territoire. »

Pour Valérie Plante, cette annonce en est une « importante ». « Le froid s’en vient, et on a cette volonté là commune de se dire que tout le monde a le droit d’être au chaud, en sécurité, et d’être accueilli avec bienveillance », a-t-elle martelé.

La présence du ministre Fitzgibbon à cette conférence de presse témoigne de l’engagement du gouvernement Québec envers la question de l’itinérance, s’est réjouie Mme Plante.

« Je me réjouis de cet important investissement, qui fera une importante différence sur le terrain, a aussi insisté M. Fitzgibbon. La situation de l’itinérance reste difficile dans la métropole. L’aide ne peut tomber plus à point qu’aujourd’hui. »

5500 places à Montréal

À l’heure actuelle, Montréal dispose de 5500 places pour les personnes en situation d’itinérance, selon le site internet Santé Montréal mis à jour jeudi. Ces places comprennent des places transitoires, des ressources d’hébergement en dépendance, des centres de crise, des hôpitaux et des logements sociaux et supervisés.

De ce nombre, 1600 places sont des places d’hébergement d’urgence. Les sommes annoncées jeudi permettront de consolider celles-ci, d’ajouter des services ouverts 24h sur 24, 7 jours sur 7, et d’ajouter 188 places additionnelles, a affirmé M. Carmant.

Des organismes montréalais ont levé la main pour recevoir ces fonds et bonifier leurs services ou ajouter des places, a expliqué devant les journalistes Catherine Giroux, cheffe du service régional de l’itinérance pour le CIUSSS-Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

À titre d’exemple, le Centre des femmes de convictions de Montréal — où s’est tenue la conférence de presse — doublera sa possibilité d’accueil d’ici l’hiver, passant de 15 places dédiées aux femmes itinérantes à 30 places.

Vendredi, La Presse rapportait que plusieurs ressources en itinérance ont été contraintes de réduire leurs services dans les dernières semaines en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Malgré les nouvelles sommes allouées, l’enjeu du personnel demeure criant pour les services en itinérance, a reconnu M. Carmant devant les journalistes.

L’importance d’un toit

« Bien que l’annonce d’un investissement supplémentaire pour consolider et créer de nouvelles places 24/7 soit un pas dans la bonne direction, elle arrive tardivement alors que le froid s’est déjà installé », a réagi Benoit Langevin, porte-parole de l’Opposition officielle à la Ville de Montréal en matière d’itinérance.

« Il faut absolument sortir de la logique saisonnière et de dernière minute qui oblige les groupes communautaires à ouvrir des ressources en plein hiver, ajoute-t-il. L’administration Plante doit impérativement se rendre imputable des actions dont elle est responsable, soit celles d’assurer que les Montréalais soient en sécurité et aient un toit au-dessus de leur tête. »

Tous les acteurs présents jeudi s’entendent pour dire que les refuges d’urgence ne doivent être qu’une composante de la réponse en itinérance. L’accent doit aussi être mis sur l’accès à un toit permanent.

En ce sens, Mme Giroux a aussi affirmé qu’en 2022-2023, 1169 personnes en situation d’itinérance avaient pu avoir accès à un logement avec soutien psychosocial, grâce aux divers programmes en itinérance de la métropole.

Pour Sam Watts, président-directeur général de la Mission Bon Accueil rencontré sur place, les lits en refuge ne doivent être que temporaires et permettre l’accès rapide à un endroit permanent.

En ce sens, plus de 200 nouveaux logements dédiés à la population en situation d’itinérance s’apprêtent à voir le jour à Montréal d’ici la fin de l’automne, a rappelé le ministre Carmant. La nouvelle Maison Benoît Labre dans le Sud-Ouest offrira 36 studios aux plus vulnérables. Du côté du centre-ville, l’immeuble Le Christin de l’Accueil Bonneau ajoutera 114 logements, et le nouveau pavillon Robert Lemaire de la Maison du Père, 54 studios.

Des studios meublés destinés aux femmes itinérantes ou à risque de l’être sont aussi toujours disponibles dans un nouveau projet de Chez Doris, rue Champlain à Montréal, a souligné la directrice générale de l’organisme Marina Boulos-Winton.