Faire changer les pneus de votre voiture vous pèse ? Imaginez devoir en changer 14 000.

C’est la corvée à laquelle les équipes montréalaises de Communauto doivent s’atteler deux fois par année afin de respecter la législation québécoise sur les pneus d’hiver. Un défi dont l’ampleur croît au rythme effréné des achats de véhicules par la populaire entreprise d’autopartage.

Communauto termine son opération pneus d’hiver ces jours-ci, après un été de planification et un automne de travail. Au Québec, la date limite légale pour installer les pneus d’hiver est fixée au 1er décembre.

« La personne responsable commence à prendre ses rendez-vous au début du mois de juillet. Il faut qu’on bloque les véhicules en station un mois à l’avance pour éviter qu’il y ait une réservation » en même temps, explique Simon Rouleau-Mailloux, gestionnaire des ressources matérielles, devant des mécaniciens qui s’activent. « On commence à changer des pneus à la fin du mois d’août et on finit au début de novembre. »

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Simon Rouleau-Mailloux, gestionnaire des ressources matérielles chez Communauto

M. Rouleau-Mailloux et ses équipes ont besoin d’un mois de marge pour attraper les quelques voitures récalcitrantes qui ont quitté Montréal pendant de longues périodes et d’autres imprévus. Et « les garages ont zéro disponibilité en novembre », explique-t-il.

Communauto exploite environ 5000 véhicules, dont 3500 à Montréal.

« Un blitz »

La majorité des changements de pneus de Communauto sont effectués par des garages privés, répartis un peu partout dans la région de Montréal afin de réduire le temps de transit.

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Communauto exploite environ 5000 véhicules, dont 3500 à Montréal.

Mais l’an dernier, l’entreprise a acheté son propre atelier mécanique, boulevard Monk, dans le sud-ouest de la métropole. Objectif : prendre en charge les réparations les plus coûteuses, réaliser certains entretiens… et changer des pneus. Beaucoup de pneus.

« C’est un blitz. C’est du stock. C’est du 40 chars [par jour], il faut que le rythme soit là », a expliqué le patron du garage, Patrick Darche. À travers les bruits de perceuse à percussion et les odeurs d’huile, il évoque poétiquement une « valse des pneus ». « On va répondre à la demande. »

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Patrick Darche, responsable du nouveau garage de Communauto

Celle-ci est en croissance constante. Juste cette année, 900 véhicules ont été ajoutés dans les rues de Montréal.

M. Darche circule à travers les rangées d’étagères qui – toutes remplies – peuvent accueillir plus de 3000 pneus. Les autres sont entreposés dans des garages privés et dans un grand entrepôt loué par Communauto. Le garagiste veut d’ailleurs sacrifier son espace d’entreposage local pour ajouter des ponts élévateurs et augmenter sa capacité de travail.

Parce que du travail, il y en a. « [Les pneus], on arrête le 1er novembre et on recommence le 15 mars » avec les pneus d’été, laisse-t-il tomber en riant. « On dirait qu’on soupire et qu’on recommence sur l’autre cycle. »

Ouvrir un garage, ça fait longtemps que le PDG de Communauto, Benoit Robert, y pensait. « C’était stressant, parce que ce n’est pas notre corps de métier », relate Simon Rouleau-Mailloux. « [Ça permet de] faire le plus possible sur nos propres véhicules et avoir aussi la priorité, parce que quand tu vas dans un autre garage, il y a aussi d’autres clients », ajoute Patrick Darche.

À la recherche d’une petite voiture

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Des Kia Rio et des Prius C qui ne sont plus commercialisées

Exit les Prius C. Exit les Kia Rio. Communauto se gratte la tête ces jours-ci afin de trouver le nouveau modèle de sous-compacte dont elle achètera des milliers d’exemplaires au fil des prochaines années. Les petites voitures grises devenues omniprésentes dans la métropole prendront donc un nouveau visage. « Malheureusement, c’est la dernière année de la Kia Rio », puisque le constructeur abandonne le modèle, explique Simon Rouleau-Mailloux, gestionnaire des ressources matérielles chez Communauto. « Là, on cherche ce qui va remplacer la Kia Rio comme petite voiture. » Toyota a cessé de produire des Prius C pour l’Amérique du Nord en 2019. Déjà, devant les difficultés d’approvisionnement des dernières années, l’entreprise s’est mise à acheter différents modèles de voitures intermédiaires pour les offrir en location inopinée (service « Flex »). Elle a aussi baissé les bras quant à l’uniformité de couleur (tant pis pour le gris) et retarde la mise au rancart de ses plus vieilles voitures.