Une résidante d’Ahuntsic-Cartierville souffrirait d’une paralysie grave à la suite d’une intervention policière ayant mal tourné, fin septembre, devant une école de ce secteur du nord de Montréal, a appris La Presse.

Les deux agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) impliqués dans l’intervention ont été affectés à des tâches administratives le temps que le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) fasse la lumière sur la situation.

La femme en question aurait été arrêtée et physiquement maîtrisée devant une école où se trouvait son enfant, le 26 septembre dernier à la sortie des classes. Une ordonnance du tribunal interdisait les contacts entre la mère et le mineur, ce qui a poussé l’école à appeler la police.

« La personne serait devenue agitée et agressive envers un des policiers. Les agents auraient alors procédé à l’arrestation de la personne et ils auraient amené au sol celle-ci afin de la menotter au dos », décrit le BEI dans un communiqué diffusé fin septembre sans faire de vagues.

Après l’arrestation, survenue peu après 15 h 30, la femme « aurait alors mentionné avoir mal dans le cou », décrit le BEI.

Quelques minutes plus tard, alors que les policiers veulent la libérer, elle « aurait mentionné être incapable de sortir et elle aurait mentionné avoir des douleurs au cou ainsi que des picotements dans les membres ».

Laissée au sol

Ce sont finalement les policiers eux-mêmes qui ont sorti la femme de la voiture de patrouille « pour ensuite la déposer au sol sur le dos » devant son domicile. Les policiers ont ensuite quitté les lieux.

« La personne serait restée au sol sur le trottoir près de sa résidence, a continué le BEI. Des appels auraient été faits au 911 par des citoyens pour une ambulance vers 16 h 49, car la personne aurait mentionné ne plus sentir ses membres. » Elle aurait passé une quinzaine de minutes au sol.

Stéphane Smith, porte-parole d’Urgences-santé, s’est borné à confirmer que des paramédicaux étaient effectivement intervenus pour porter secours à une femme étendue sur le sol ce jour-là, en fin d’après-midi.

Selon nos informations, la femme impliquée souffre toujours d’une grave paralysie, près d’un mois après les faits. La Presse n’a pu établir avec certitude la nature du problème qui l’afflige. Le BEI doit aussi faire la lumière sur le lien de causalité entre l’arrestation et le problème de santé.

Chose certaine, elle a été « opérée pour des blessures graves » dans un centre hospitalier, selon le BEI.

Évènement « confidentiel », dit le centre de services scolaire

Tous les acteurs impliqués ont refusé de commenter la situation.

Le BEI a notamment refusé de préciser la nature des « blessures graves » subies par la femme dans ce dossier. L’organisation a aussi refusé de dévoiler l’endroit où elle avait déployé son poste de commandement afin de recueillir des indices, quelques jours plus tard.

Selon une source, les enquêteurs du BEI analysent notamment le respect – par les policiers – de l’article du Code criminel qui force tout agent de la paix à porter secours à une personne en difficulté qui se trouve en détention.

« Ni la direction de l’école ni le CSSDM ne feront de commentaire à ce sujet », a indiqué Alain Perron, porte-parole du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), lorsque La Presse a demandé si du soutien psychologique était offert au personnel impliqué. « Nous vous invitons à respecter l’aspect confidentiel de cet évènement auprès des parents et des membres du personnel de l’école. » M. Perron n’a pas voulu préciser en quoi cet évènement était « confidentiel ».

Devant l’école où s’est déroulée l’arrestation, des membres du personnel ont dirigé La Presse vers la directrice locale, qui n’a pas voulu répondre à nos questions. Plusieurs résidants des environs immédiats ont affirmé avoir reçu la visite d’enquêteurs du BEI fin septembre ou début octobre, mais aucun n’avait été témoin de l’intervention physique elle-même.

« Puisqu’il y a enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), c’est à lui que vous devez adresser votre requête », a indiqué le SPVM, en refusant de préciser si ses hommes avaient effectivement été assignés à des tâches administratives.

La Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM) n’a pas voulu commenter le dossier.

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