Les 82 élus de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ont convenu lundi qu’ils n’accepteront pas une augmentation de leur participation en transport collectif de plus de 4 %. Selon un maire de la couronne nord, la proposition de la ministre Geneviève Guilbault aurait des « impacts terribles » sur les comptes de taxes des citoyens.

« On s’est mis d’accord ce matin, lors d’une réunion avec tous les élus de la CMM, que la seule augmentation qu’on accepterait, c’est ce qui nous avait déjà été donné, à savoir 4 %. On est tous à faire nos budgets et on trouve ça logique, car c’est à peu près en haut de l’inflation. C’est la seule chose qu’on va accepter », martèle le maire de Saint-Eustache et préfet de la MRC de Deux-Montagnes, Pierre Charron.

Selon lui, l’objectif pour l’augmentation des tarifs aux usagers est « d’environ une marge de 3 % » durant la même période, afin de ne pas fragiliser l’adhésion de la population.

La semaine dernière, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait proposé aux sociétés de transport un financement de 502,8 millions, ce qui représente à peine 20 % du déficit de 2,5 milliards de l’industrie. Le reste serait comblé par des efforts « d’optimisation » de 365 millions, mais surtout par les municipalités, qui craignent le pire pour leurs finances.

Dans une lettre envoyée à la ministre, les maires et mairesses de Montréal, Longueuil, Laval, Mercier et Deux-Montagnes avaient dénoncé que cela engendrerait une augmentation moyenne de 35 % de la contribution financière des municipalités.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LA TABLE DES PRÉFETS ET ÉLUS DE LA COURONNE NORD

Une illustration des hausses appréhendées pour le Grand Montréal, si le plan de Québec va de l’avant tel quel.

Selon une autre missive envoyée dimanche, la situation serait toutefois encore plus critique sur les couronnes. « Au nord, on parle de 93 % et au sud, de 143 % de la hausse de notre participation. Il y a des municipalités pour lesquelles c’est particulièrement critique. À Deux-Montagnes, par exemple, ça serait de l’ordre de 681 %, puis 224 % à Bois-des-Filion ou encore 240 % à Blainville. C’est sûr et certain que ça aurait des impacts terribles sur le compte de taxes », dit M. Charron.

Vers de dures négociations

Une contre-offre officielle de l’industrie du transport collectif et des villes est attendue dans les prochains jours, mais déjà, la volonté de la CMM de ne pas excéder la barre des 4 % laisse présager de dures négociations entre Québec et les villes. Un grand vide subsiste en effet toujours entre la vision du gouvernement et celle des municipalités.

« Est-ce que l’argent des contribuables doit servir à financer l’entièreté des dépenses d’exploitation des sociétés de transport, alors que […] nous-mêmes, on a nos hausses de dépenses ? », avait illustré mercredi la ministre Geneviève Guilbault, en ajoutant que son gouvernement « ne peut pas financer à l’infini des opérations qui relèvent des municipalités ».

Pierre Charron, lui, n’entend pas plier. « La réalité, c’est que nos déficits sont en croissance, que le service n’est pas en amélioration et que la congestion sur les couronnes est terrible. On veut essayer de nous filer une facture qui ne revient pas à nous d’éponger. Le gouvernement se doit de réinvestir, sinon ça n’a aucun bon sens. C’est inéquitable », martèle-t-il.

« Soit le gouvernement va en mettre plus, soit on s’assoit et on trouve des sources de financement différentes », temporise-t-il toutefois, en avançant au passage qu’exo, la société de transport gérant les réseaux des couronnes sud et nord, a déjà dégagé « plusieurs optimisations » pour se serrer la ceinture, comme le demande justement Québec.