Quartier des spectacles Une forêt urbaine sur la glace

Un projet de petite « forêt urbaine » en plein centre-ville, annoncé en grande pompe en 2021, est repoussé de plusieurs années en raison d’un embouteillage de chantiers dans le Quartier des spectacles, a appris La Presse.

Après avoir remporté un concours international, son concepteur s’inquiète de ne jamais voir le terrain vague baptisé « 066 » devenir une oasis de verdure. Les retards répétés du projet de nouveau Musée d’art contemporain (MAC) sont en cause.

« Je suis très inquiet que le projet soit écarté complètement », a affirmé l’architecte Ziad Haddad, président de WAA Montréal, citant la possibilité qu’un retard de plusieurs années fasse changer les priorités et les décideurs. « C’est un projet d’envergure et d’impact. Un projet iconique au centre-ville de Montréal. »

Avec une équipe, M. Haddad avait proposé de verdir ce petit lot, situé dans le coin nord-ouest du Quartier des spectacles, et d’y installer une passerelle ouverte au public. En révélant que la proposition de WAA (baptisée « Jardin d’Emiliano ») avait été retenue, Valérie Plante l’avait décrit comme un « héritage » de son administration.

Selon les échos obtenus par M. Haddad, le chantier pourrait ne pas commencer avant 2027, après la conclusion du chantier du MAC. L’inauguration du parc lui-même était initialement prévue pour 2024. Les plans et devis ne sont pas encore commencés : même si WAA recevait le feu vert demain matin, il faudrait encore environ trois ans pour que la forêt urbaine sorte de terre, a évalué l’architecte.

« En train de revoir les échéanciers »

À la Ville de Montréal, on assure qu’aucune décision finale n’est prise.

« La Ville de Montréal évalue présentement la coordination de différents chantiers dans ce secteur dont l’intensité des activités, notamment en période estivale, présente des enjeux », a indiqué Hugo Bourgoin, des communications de la Ville de Montréal, par courriel. « Aucune décision n’a été prise pour le moment quant à l’échéancier du projet mentionné. »

« On est en train de revoir les échéanciers en fonction des différents travaux dans le secteur », a dit Robert Beaudry, élu responsable de l’urbanisme au comité exécutif de Valérie Plante.

Du côté du Quartier des spectacles, on indique que les chantiers qui se multiplient dans ce secteur de Montréal créent un défi pour les équipes techniques des festivals, qui voient leur espace de travail se réduire chaque année. Le terrain 066 est l’un des rares encore disponibles.

« C’est assez critique », a affirmé le directeur général Éric Lefebvre. Le chantier du Musée d’art contemporain (MAC), qui doit s’ouvrir tout près, représente un « casse-tête » supplémentaire.

« Ça met beaucoup, beaucoup de difficultés d’avoir tous ces chantiers-là en même temps, et on est très à l’aise qu’on décale des chantiers », a-t-il continué, précisant bien que ce n’est pas le Quartier des spectacles qui prend ce type de décisions, mais que le report « fait [l’]affaire » de l’organisme.

« Il n’y a rien de critique pour nous » à voir arriver le projet de forêt urbaine le plus rapidement possible, a illustré M. Lefebvre. « Il n’y a pas de rush. »

Les terrains vagues du secteur – nombreux il y a 15 ans – ont graduellement cédé leur place à des constructions, si bien qu’aujourd’hui, « on a une salle de spectacle, mais on n’a pas de coulisses ».

L’histoire jusqu’ici :

2021 : Le projet Jardin d’Emiliano remporte le concours international visant à trouver une nouvelle vocation au terrain vague, avec inauguration prévue trois ans plus tard.

2021-2023 : Le projet de nouveau bâtiment pour le Musée d’art contemporain, situé tout près, avance au ralenti en raison d’une facture en explosion.

2023 : Pas encore débuté, le Jardin d’Emiliano accumule déjà beaucoup de retard et sa construction risque de ne pas être entamée avant 2027.