La deuxième phase de travaux majeurs a été lancée lundi rue Sainte-Catherine, entre Peel et Mansfield, en plein cœur du centre-ville de Montréal. Évalué à près de 70 millions, le chantier s’échelonnera jusqu’à l’automne 2025, au grand dam de certains commerçants qui en subiront les impacts financiers.

Dans un avis public, la Ville a confirmé lundi que le chantier débutera « avec des fouilles archéologiques », puis « d’importants travaux de remplacement des infrastructures souterraines plus que centenaires » auront lieu, avant de procéder au resurfaçage et au « réaménagement » de certaines portions de rue.

Bon nombre d’entraves seront en place, surtout entre Mansfield et Peel, mais aussi sur certains autres axes pour délimiter des zones d’entreposage, entre autres. « On va faire des travaux d’aménagement qui vont ressembler en tout point à ce qui a déjà été fait lors de la première phase, entre Bleury et Mansfield. Ça veut dire plus d’espaces verts, et plus de place aux piétons sur les trottoirs », illustre le porte-parole administratif de Montréal, Philippe Sabourin.

Il assure que l’aide financière sera au rendez-vous. Début juillet, la Ville avait annoncé qu’elle faciliterait l’accès pour les commerçants à son programme d’aide financière en raison de travaux majeurs, en plus de leur offrir un montant forfaitaire de 5000 $ dans une des 17 zones touchées, dont la rue Sainte-Catherine.

Un programme existait déjà pour compenser les pertes financières des commerces, qui devaient prouver que leur chiffre d’affaires avait chuté d’au moins 15 % ; cette exigence a été réduite à 5 % le printemps dernier. Les commerçants touchés peuvent obtenir un maximum de 40 000 $, en fonction de l’étendue des pertes. Une enveloppe de près de 27 millions y a été dédiée jusqu’en 2026.

Par ailleurs, une « demi-douzaine de débarcadères » ont été aménagés pour s’assurer de la livraison de la marchandise, affirme M. Sabourin. « Pour le reste, oui la circulation automobile est interrompue, mais Sainte-Catherine demeure très fréquentée à pied », soutient le porte-parole.

En se disant consciente que le centre-ville est actuellement « très concentré en chantiers », la Ville invite les usagers à emprunter le transport collectif lorsque possible pour s’y rendre. Si la voiture est nécessaire, « planifiez que vos déplacements prendront plus de temps et privilégiez les stationnements hors rue », prévient Philippe Sabourin.

Pas assez, mais mieux communiqué

Le directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Montréal centre-ville, Glenn Castanheira, convient d’emblée que l’aide financière de la Ville « ne reflète clairement pas l’impact sur le chiffre d’affaires » des commerces les plus touchés.

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Glenn Castanheira

« Plusieurs d’entre eux s’attendent à perdre des revenus, c’est certain. Cela dit, un chantier bien géré et bien communiqué, ça permet de se préparer à la perte de revenus et de limiter les surprises. Et là-dessus, on sent une amélioration par rapport à la phase 1 », soutient M. Castanheira.

À ses dires, l’emprise du chantier est déjà « beaucoup moins grande », ce qui « limite l’impact sur tout le monde ». « Le type de clôtures aussi, esthétiquement, ça n’a rien à voir avec ce qu’on voit au coin de Sherbrooke et McGill. On va le voir sur les résultats, mais disons qu’on a un optimisme prudent. »

Sur un chantier, « ce qui fait vraiment mal aux commerçants, ce sont les coupures d’eau ou d’électricité », ajoute Glenn Castanheira. « Dans la phase 1, ça, il y en a eu beaucoup. Là, on nous dit que le chantier va rouler 24/7, donc s’il doit y avoir des coupures, ils vont le faire la nuit. Ça ferait vraiment une grosse différence », insiste-t-il. Bref, « le niveau de stress est plus bas parce qu’il y a moins d’incertitude, mais on prend ça un jour à la fois », conclut le directeur général de la SDC.

Avec Isabelle Ducas, La Presse