Le Réseau express métropolitain (REM) a connu un départ difficile, lundi matin, en raison d’une interruption de service de plus d’une heure liée à un blocage d’un équipement sur les rails, au grand dam des usagers. CDPQ Infra promet de s’ajuster, prévenant toutefois que ce genre d’évènement pourrait se reproduire pendant la « phase de rodage ». Heureusement, l’heure de pointe de l’après-midi s’est déroulée sans pépin.

« Ça commence mal », a-t-on entendu à plusieurs reprises dans un wagon, peu avant 8 h, alors qu’une voix automatisée annonçait une première panne de 20 minutes. La panne était aussi annoncée sur les réseaux sociaux du REM. Le tout s’est ensuite prolongé à plusieurs reprises, avant qu’une interruption globale du service soit confirmée en raison d’un « problème technique ».

Les usagers ont alors été invités à quitter les stations pour prendre une navette spéciale se dirigeant vers le centre-ville. Des agents-patrouilleurs de la Sûreté du Québec (SQ) étaient sur les lieux. Les usagers ont éventuellement été évacués et redirigés vers les navettes. À la station Du Quartier, notamment, une longue file de citoyens patientaient au bout d’un tunnel, attendant des autobus.

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Un agent-patrouilleur de la Sûreté du Québec échange avec des usagers du REM.

Vu les longs temps d’attente, la frustration des usagers était palpable. « Ça fonctionnait super bien avec les autobus, on n’a jamais eu de problème. Là, on est coincés ici, on ne peut pas retourner récupérer nos véhicules. Il aurait fallu au moins avoir un plan B. Je suis vraiment super furieuse », a notamment martelé Selma Benabid, croisée par La Presse.

Marc Longtin a aussi abondé en ce sens. « C’est du gros n’importe quoi. Ils ont eu le temps de le tester des centaines de fois. Ça fait neuf mois que je travaille pour mon employeur. Mon patron basé à Toronto m’a demandé aujourd’hui d’être au bureau pour la première fois », a-t-il illustré.

Un problème d’aiguillage

Le service a finalement été rétabli vers 9 h 15. Au total, le REM aura donc été en panne pendant plus de 1 h 15. « Le problème a vraiment été au niveau des aiguillages. Il y a un système qui s’est bloqué », a expliqué après coup le porte-parole de CDPQ Infra, Jean-Vincent Lacroix. Cet appareil est celui qui permet à un train de changer de voie. On retrouve plusieurs types d’aiguillages dans les grandes gares et les systèmes de transport comme le REM.

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Le porte-parole de CDPQ Infra, Jean-Vincent Lacroix

Ce week-end, on l’a vu, le REM a roulé parfaitement, donc il fonctionne bien. Par contre, on sait que c’est une période de rodage. On savait que des situations comme ça pouvaient arriver. Partout dans le monde, des systèmes de métro, il y a toujours des interruptions comme ça dans les premiers temps.

Jean-Vincent Lacroix, porte-parole de CDPQ Infra

« On ne se le souhaite pas, mais on invite les usagers à être compréhensifs. Est-ce que ça pourrait se reproduire ? Possiblement, mais l’idéal pour nous, c’est d’être sur le terrain et d’être prêts à résoudre la situation le plus rapidement possible », a persisté M. Lacroix.

Il affirme que « la période de rodage va nous amener à avoir un bon rythme de croisière éventuellement ». « Il ne faut pas s’arrêter à cette impression-là d’aujourd’hui. On sera là, on va être vigilants, mais des situations pareilles, ça fait partie, malheureusement, de la vie d’un système qui démarre. »

« Comme dans du beurre »

Avant la panne, le service roulait pourtant rondement jusqu’à peu avant 8 h, et ce, depuis 5 h 30, a pu constater La Presse. Un problème mécanique lié aux portes avait d’ailleurs été résolu rapidement par des employés, en quelques minutes, tout juste avant 7 h.

« C’est vraiment plaisant et c’est beau. C’est le système de métro le plus moderne en Amérique du Nord présentement », s’était réjoui le jeune Miles Taylor, venu des États-Unis pour visiter le REM. « C’est vraiment smooth. C’est comme dans du beurre », a plaisanté son ami Jeremy Zorek, à son côté.

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Jeremy Zorek et Miles Taylor

Venu de Bromont, Denis Gallant, lui, était « content de prendre le REM et de rattraper les voitures sur le pont Champlain ». « C’est 18 minutes pour aller au centre-ville, donc ça va couper mon temps de déplacement. Je pense que je vais être capable de sauver, par rapport à l’autobus, presque une demi-heure », observe-t-il.

D’autres usagers ne sont toutefois pas de cet avis. « Avant, l’autobus traversait directement le pont. Ça allait bien. Là, avec le rabattement sur le REM, ça va être pour moi au minimum 10 minutes de déplacement de plus chaque matin, si ce n’est pas plus », explique Bernard Lyth, qui habite La Prairie.

  • Bernard Lyth

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    Bernard Lyth

  • Emmanuelle Julien

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    Emmanuelle Julien

  • Diane Rémillard (à gauche)

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    Diane Rémillard (à gauche)

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« C’est sûr qu’avant, au stationnement Chevrier, c’était plus rapide. Là, c’est un peu plus loin, mais je gagne du temps avec le REM pour aller au centre-ville. J’ai surtout hâte de voir quand ça va être plus achalandé à la rentrée », note de son côté Emmanuelle Julien, qui demeure dans le secteur de Saint-Bruno-de-Montarville.

Diane Rémillard, de Saint-Jean-sur-Richelieu, prend quant à elle sa voiture jusqu’au stationnement incitatif, les autobus de cette municipalité n’étant pas connectés au REM parce que la Ville a jugé que la ligne 96 vers le centre-ville demeure « plus avantageuse ». « Il va falloir que ça connecte à un moment donné. On a juste une voiture à la maison, et s’ils le faisaient, je les prendrais, les autobus », lance-t-elle à ce sujet.

Retour fluide

Le retour à la maison, lui, s’est fort bien passé. À la Gare Centrale, l’une des cinq stations du réseau, quelques employés étaient disponibles pour répondre aux questions. Ils ont eu droit à une heure de pointe très fluide, a pu observer La Presse.

Un train léger passait toutes les cinq minutes pour déposer des passagers en provenance de la Rive-Sud, avant d’y retourner pratiquement tout de suite.

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Usagers du REM à la gare de Brossard

Cette cadence d’exécution a permis d’éviter les bouchons lors de l’embarquement. Il y avait suffisamment de personnes pour occuper adéquatement les wagons, mais sans plus. Tout le monde pouvait entrer du premier coup.

« Oh, c’est de ce côté-là ou de l’autre ? » À la sortie des trains, certains usagers s’interrogeaient sur la direction à emprunter, puisque c’était leur première fois. Mais cette légère hésitation se dissipait après quelques secondes – et disparaîtra avec l’habitude.

Certains curieux demeuraient même un moment après être débarqués pour prendre des photos ou pour observer le fonctionnement de la machine, tout simplement.

En somme, l’heure de pointe de l’après-midi s’est « très bien » passée, a commenté Jean-Vincent Lacroix en soirée. Il n’y a eu « aucun enjeu ou interruption » durant la journée après la panne matinale, confirme-t-il.

L’histoire jusqu’ici

Avril 2016 : La première mouture de ce qui s’appelle alors le Réseau électrique métropolitain est dévoilée. On prévoit un coût de 5,5 milliards et une mise en service en 2020.

Avril 2018 : La première pelletée de terre est soulevée. Le sigle REM signifie désormais Réseau express métropolitain.

Octobre 2022 : L’ouverture du tronçon Montréal-Brossard est reportée de l’hiver au printemps. En mai 2023, même histoire. Et le projet coûtera finalement plus de 7 milliards.

Juillet 2023 : Le REM annonce la mise en service officielle de cinq stations. Il faudra toutefois attendre 2024 pour les tronçons de l’Ouest-de-l’Île, de la Rive-Nord et du Centre de Montréal, puis 2027 le segment vers l’aéroport de Montréal.

En savoir plus
  • 120 000
    C’est le nombre de passagers qui ont emprunté le REM samedi et dimanche, lors des journées portes ouvertes entièrement gratuites. Quelques pépins techniques avaient alors été observés, mais rien de majeur.
    CDPQ INFRA