La conduite d’eau qui s’est rompue vendredi matin dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, forçant une importante opération d’évacuation et l’envoi d’un avis d’ébullition préventif à 75 000 ménages, devait être remplacée dans trois ans en raison de sa vétusté.

Ce qu’il faut savoir

Une conduite d’eau datant de 1974 a éclaté vers 4 h vendredi matin dans le quartier Saint-Michel, inondant la rue et des appartements situés au sous-sol des immeubles.

Une vingtaine d’immeubles ont d’abord été évacués, et 40 000 foyers privés d’électricité.

Un avis préventif d’ébullition de l’eau est en vigueur pour 75 000 ménages.

« L’entretien du réseau d’aqueduc à Montréal a été sous-financé pendant de nombreuses décennies, et là, on se retrouve avec la responsabilité de mettre les bouchées doubles pour sa réfection, parce que le réseau est vieillissant », a souligné la mairesse Valérie Plante, qui s’est déplacée vendredi après-midi sur les lieux de l’inondation.

La conduite qui s’est rompue, sous la rue Bélanger à l’angle de la 17Avenue, date de 1974. Elle avait été inspectée en 2019 et placée sur la liste des équipements à remplacer, a révélé la directrice du service de l’eau de Montréal, Chantal Morissette, en point de presse. Les travaux à cet endroit étaient prévus pour 2026.

Une vingtaine de bâtiments ont d’abord dû être évacués en lien avec l’inondation, et 40 000 ménages ont été privés d’électricité. En début d’après-midi, on indiquait que 18 personnes avaient trouvé refuge au Centre Étienne-Desmarteau, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, ouvert pour les sinistrés ayant besoin de soutien.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’eau a continué de monter dans la rue pendant plusieurs heures avant que l’alimentation soit coupée, vers 11 h.

Un avis d’ébullition préventif est en vigueur pour 75 000 résidences du secteur, dans un quadrilatère formé par les boulevards Rosemont et Industriel, la rue D’Iberville et la 25Avenue.

Les appartements situés au sous-sol se sont retrouvés sous plusieurs centimètres d’eau, dès 4 h du matin, quand la fuite a commencé. L’eau a continué de monter dans la rue pendant plusieurs heures avant que l’alimentation soit coupée, vers 11 h.

Selon le porte-parole du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), Martin Guilbault, les équipes municipales ne pouvaient pas couper complètement l’eau dans la conduite rompue. « Ils doivent faire une fermeture séquentielle, section par section, parce que s’ils coupent d’un coup, ça peut causer des débordements ailleurs », a-t-il expliqué.

Une voiture s’est à moitié engouffrée dans un trou dans la chaussée d’où l’eau sortait à gros bouillons toute la matinée.

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Une voiture s’est à moitié engouffrée dans un trou dans la chaussée d’où l’eau sortait à gros bouillons toute la matinée.

Une fois que l’alimentation en eau a été coupée, des équipes se sont affairées à sécuriser les lieux. En après-midi, elles devaient enlever la voiture coincée dans le cratère, avant que des équipes d’Énergir puissent couper l’alimentation dans une conduite de gaz naturel, pour que les employés municipaux soient en mesure d’aller constater les dommages et de faire les réparations nécessaires.

Pendant ce temps, les pompiers vérifiaient les installations électriques des bâtiments touchés, afin de déterminer s’il était sécuritaire de rétablir le courant, a indiqué M. Guilbeault.

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Une fois que l’alimentation en eau a été coupée, des équipes se sont affairées à sécuriser les lieux.

Certains évacués pourraient donc devoir attendre un certain temps avant de pouvoir retrouver leur logis.

Des résidants stupéfaits

Benoît D’Amour, qui vit au premier étage de l’un des immeubles évacués, a été réveillé vers 5 h par des pompiers lui demandant de sortir de son logement. L’électricité avait été coupée par mesure de précaution.

Selon lui, l’évènement est une conséquence de la négligence de la Ville de Montréal.

Depuis un mois et demi, on voyait un couvercle d’aqueduc dans la rue qui commençait à s’enfoncer, de plus en plus à mesure que les voitures passaient dessus. Les employés de la Ville sont seulement venus rajouter de l’asphalte pour empêcher que ça continue d’enfoncer, mais ils ne sont pas allés régler le problème.

Benoît D’Amour, résidant du secteur

La directrice du Service de l’eau a affirmé qu’elle n’avait pas été informée de cette situation.

Le logement de M. D’Amour n’a pas été touché par l’eau, mais les appartements situés au sous-sol ont été inondés.

C’est le cas du logis situé au sous-sol de l’immeuble de Nathalie Émard, où habite sa cousine. « Il y a un pied et demi d’eau, dit-elle. On a monté tous les meubles qu’on pouvait monter, on se demande maintenant si on doit sortir son matelas pour le sauver de l’inondation. On a téléphoné aux assurances pour savoir quoi faire, mais il n’y a pas grand-chose d’autre à faire qu’attendre. C’est impressionnant de voir qu’il y a encore tant de courant après plusieurs heures. »

« J’avais de l’eau jusqu’aux genoux, en bas. J’ai essayé de faire sortir l’eau par la porte arrière, mais les pompiers m’ont demandé de partir, » relate Lazare-Jacques Ludivoc, vice-concierge d’un immeuble situé juste devant le secteur inondé. « J’ai fait sortir les locataires par l’arrière, il y avait moins d’eau à ce moment, mais ensuite, tout l’immeuble a été entouré. »