Effectuer un massage cardiaque debout dans une ambulance qui file à toute allure, sans être attaché, pose un danger exagéré pour ceux qui effectuent ce travail, selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Un pompier montréalais a été grièvement blessé en novembre 2020 lorsque l’ambulance dans laquelle il tentait de réanimer un patient a embouti une autre voiture. Trois ans plus tard, il souffre toujours de séquelles qui l’empêchent de reprendre le travail, selon son syndicat.

Cet accident a forcé le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) et Urgences-santé – qui gère les ambulances à Montréal et à Laval – à trouver des solutions pour réduire les risques auxquels s’expose leur personnel.

« À ce jour, selon les informations recueillies, le même évènement pourrait survenir à nouveau », déplore la CNESST dans un rapport du mois dernier obtenu par La Presse par l’accès à l’information. « Les parties ne nous démontrent pas avoir éliminé ou contrôlé les risques adéquatement. »

L’Association des pompiers de Montréal, le syndicat qui les représente, s’inquiète vivement de la situation. « Pour vouloir bien faire, on a blessé quelqu’un sévèrement. C’est ça qu’on veut éviter », a dit son vice-président, Richard Lafortune, en entrevue téléphonique.

Les pompiers agissent comme premiers répondants dans l’île de Montréal. Ils sont parfois appelés, après l’arrivée des paramédicaux, à continuer les manœuvres qu’ils avaient commencées. En cas de besoin, ils doivent même continuer à assister le patient à l’intérieur de l’ambulance.

Les deux inspecteurs du travail au dossier, Éric Dupont et Mourad Agguini, mettent de l’avant la possibilité d’utiliser un robot mécanique qui peut effectuer un massage cardiaque pendant que le personnel demeure assis et attaché dans les ambulances. Cet appareil est homologué et déjà en utilisation ailleurs au Québec, précisent-ils.

« Un seul cas »

Le dossier évolue rapidement.

Déjà, Urgences-santé a fait parvenir le mois dernier son plan d’action à la CNESST. Il souligne notamment l’importance pour le conducteur d’une ambulance d’adapter sa conduite lorsqu’un collègue se trouve debout et non attaché dans la cabine.

Urgences-santé a refusé notre demande d’entrevue.

« La Corporation d’Urgences-santé prend très au sérieux la sécurité de tous les intervenants et la qualité des soins aux usagers », a indiqué par écrit Chantal Comeau, chef du service des communications. « Des mesures ont déjà été mises en place et d’autres seront implantées. »

Le SIM a promis de continuer à collaborer à la recherche de solutions.

L’organisation « a mis en place un comité paritaire [employeur, syndicat] qui émettra des recommandations en la matière à la Corporation Urgences-santé afin de limiter les risques aux premiers répondants et pour informer les premiers répondants du SIM », a indiqué le relationniste Gonzalo Nunez, par courriel.

Ce dernier a aussi souligné que « depuis 2008, il y a eu un seul cas d’incident impliquant un premier répondant du SIM à bord d’une ambulance », alors que les pompiers agissent comme premiers répondants à des dizaines de milliers de reprises chaque année.

Pour l’Association des pompiers de Montréal, il faut encadrer de façon plus serrée la présence de ses membres dans les ambulances.

« On croit que lorsqu’il est nécessaire qu’on soit présents, nous devons l’être pour assurer la survie du patient ou de la patiente. Mais il y a sûrement des moments où nous n’avons pas besoin d’y être et c’est ce à quoi on veut s’attarder », a dit Richard Lafortune. « Les pompiers et pompières, comme on les connaît, vont aller jusqu’au bout et vont offrir leur aide qui va probablement être acceptée alors qu’il y a peut-être suffisamment de personnel. »