Près de 1500 passagers en provenance de la Floride ont débarqué du gigantesque navire de croisière Zaandam samedi matin, marquant le tout premier jour de la saison des croisières à Montréal.

Au total, plus de 45 000 passagers sont attendus à Montréal par cette voie maritime cette année. Les retombées sont estimées à 25 millions de dollars pour la métropole, a indiqué Mélanie Nadeau, vice-présidente aux affaires publiques pour le Port de Montréal.

Si ces chiffres montrent une augmentation de 20 % par rapport à l’année dernière, ils sont encore à près de la moitié de l’affluence des croisiéristes avant la pandémie, reconnaît Mme Nadeau.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Mélanie Nadeau, vice-présidente aux affaires publiques pour le Port de Montréal.

Atteindre Montréal en bateau de croisière n’est pas sans défi, et seuls les bateaux de plus petite taille peuvent le faire. En effet, à partir Québec, les ponts d’une hauteur de cinquante mètres limitent la hauteur des bateaux.

Le Zaandam, par exemple, mesure 47 mètres de hauteur. Pour ce navire, la saison des croisières débute quand le niveau de l’eau a suffisamment décru pour permettre la navigation sous les ponts, explique son capitaine, le Néerlandais Ane Smit.

Ce dernier navigue jusqu’à Montréal depuis 1999 pour l’entreprise Holland-America Line, qui fête cette année ses 150 ans d’activités.

Les gens me demandent parfois quel est le port le plus périlleux auquel j’ai accosté. Et le plus périlleux, c’est celui de Montréal.

Ane Smit, capitaine du Zaandam

Entrer et sortir des forts courants du fleuve rendent la navigation particulièrement risquée, explique-t-il.

Les capitaines doivent d’ailleurs être accompagnés de pilotes du Saint-Laurent, spécialisés dans la navigation du fleuve, pour le parcourir.

« Il faut connaître le chenal maritime comme le fond de sa poche », relève Mme Nadeau.

Limiter la pollution

Samedi matin, une enfilade de taxis se relaie sur le Grand Quai du Port de Montréal pour aller chercher les croisiéristes. La pluie menace, mais quelques incursions de soleil sont au rendez-vous. Certains touristes terminent leur trajet à Montréal tandis que d’autres profitent d’une journée pour visiter la métropole avant de rebrousser chemin à bord du navire vers Boston.

Selon Yves Gilson, directeur marketing et croisières pour le Port de Montréal, les restrictions liées à la navigation vers la métropole en font une destination de luxe. « Ici, il n’y a pas de risque de surtourisme », se réjouit-il.

L’industrie des croisières est critiquée de longue date pour son impact environnemental. Une étude publiée en décembre 2021 dans la revue scientifique Marine Pollution Bulletin indiquait que malgré des avancées technologiques, les bateaux de croisière affectent tant l’air, l’eau, le sol et des habitats fragiles pour la vie sauvage.

À Montréal, des infrastructures ont été mises en place depuis 2017 pour limiter l’impact environnemental négatif, a souligné Mme Nadeau.

Une pause électrifiée

En 2017, le port de Montréal est devenu le seul sur le Saint-Laurent à permettre aux bateaux de croisière de se brancher au réseau électrique d’Hydro-Québec.

Le Zaandam fait partie des navires qui ont été modifiés pour pouvoir être branchés, lorsqu’accostés au port. « Le courant entre dans la salle des machines, donc ils peuvent arrêter tous les moteurs et c’est l’électricité qui remplace l’énergie à bord », détaille Jean-François Belzile, le directeur des opérations maritimes et capitaine de port.

Il pointe les énormes filages qui se rendent de jusqu’à la monumentale coque. Les installations du port de Montréal peuvent fournir de l’électricité de 6,1 ou 11,6 kilovolts, dépendamment des navires.

Une journée à quai sans moteur pour un bateau de croisière lui permet d’éviter de rejeter dans l’air 5 tonnes de GES à chaque branchement. À titre comparatif, un Québécois moyen émet 10 tonnes de CO2 par année.

Le port de Montréal est l’un des 25 à offrir cette option dans le monde. Cette année, sur les 51 visites que recevra Montréal d’un bateau de croisière, 19 se feront par huit navires en mesure de se brancher.

« C’est notre saison avec le meilleur bilan énergétique », estime Mme Nadeau.

Mieux gérer les eaux usées

Les règles se sont aussi resserrées l’an dernier concernant le rejet des eaux usées dans le fleuve, a affirmé M. Belzile.

Auparavant, entre Québec et Laval, une partie des eaux usées des bateaux pouvait être rejetée dans le fleuve, détaille-t-il. Ce n’est toutefois plus permis.

Depuis 2017, le Port de Montréal dispose d’un service pour recevoir les eaux grises (eaux de lavage) et noires (rejets des toilettes) qui sont ensuite traitées par les installations d’épuration de la Ville.

Pendant que le branle-bas de combat pour préparer le navire pour son départ se poursuit, les croisiéristes profitent des rues pavées du Vieux-Montréal.

Ils continueront de défiler jusqu’à la fin du mois d’octobre, qui, avec son feuillage coloré, représente le plus fort de la saison touristique des croisières à Montréal.

En savoir plus
  • 5
    Nombre de navires qui viendront à Montréal pour la première fois cette année
    Port de Montréal et Tourisme Montréal
    377 111
    Nombre de croisiéristes venus à Montréal avec la compagnie Holland-America Line, soit 54 % du nombre total, de 2010 à 2022.
    Port de Montréal et Tourisme Montréal