Depuis que Montréal a interdit la vente de pesticides de synthèse sur son territoire, il y a plus d’un an, un seul commerce a été trouvé en infraction. Il s’agit de Mega Centre Montréal, situé à Saint-Léonard, dont la présidente, Angela Gentile, est conseillère dans le même arrondissement.

Mega Centre Montréal a reçu quatre constats d’infraction en septembre dernier pour avoir « vendu ou offert en vente » des pesticides contenant du glyphosate et du malathion dans son établissement du boulevard Pascal-Gagnon.

L’entreprise a été reconnue coupable de trois de ces infractions à la mi-mars. La comparution pour la quatrième infraction a été reportée à la fin de mai. Les trois jugements ont été rendus par défaut, en l’absence du défendeur, indiquent les procès-verbaux de la cour municipale.

La présidente de Mega Centre Montréal, Angela Gentile, est conseillère du district Saint-Léonard-Est et porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement commercial.

Mme Gentile étant retenue dans un lac-à-l’épaule avec l’arrondissement mercredi, c’est sa fille, Cristina Di Re, directrice du service à la clientèle du Mega Centre, qui nous a répondu.

L’entreprise avait contesté les constats par courrier, mais n’était pas au fait de la date de comparution, a indiqué Mme Di Re en entrevue téléphonique. Elle veut donc en appeler des jugements.

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Cristina Di Re, directrice du service à la clientèle du Mega Centre Montréal

On n’a pas eu la chance de se défendre, de prouver que nous n’avons pas vendu ces produits.

Cristina Di Re, directrice du service à la clientèle du Mega Centre

Mega Centre souhaite montrer son registre des ventes et la note de crédit produite par son fournisseur au retour des produits, pour prouver que les pesticides interdits n’avaient fait l’objet d’aucune transaction après les infractions.

Le commerce a été trouvé en défaut à deux reprises en avril 2022. C’est plus de quatre mois après l’entrée en vigueur du règlement montréalais interdisant la vente au détail de pesticides de synthèse.

« Avant qu’on ait l’inspection, ces produits étaient sur nos étagères parce qu’on attendait d’avoir plus de précisions concernant ces interdictions », a mentionné Mme Di Re

À la première inspection, le 12 avril, trois herbicides de marque Roundup, dont le principal ingrédient actif est le glyphosate, étaient offerts à la vente, signale le rapport de l’employée municipale. Celle-ci a remis un avis d’infraction au gérant en exigeant que les trois produits fautifs soient retirés des rayons dans les 48 heures.

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Roundup Super Concentré

Lorsque la fonctionnaire est revenue 12 jours plus tard, c’est Mme Di Re qui l’a reçue. Deux des herbicides signalés étaient toujours sur les rayons, et un troisième produit interdit, un insecticide-miticide contenant du malathion, a été repéré. Mme Di Re a reçu le deuxième avis d’infraction.

Les produits interdits ont été retirés et les employés ont été informés le jour même, assure la directrice du service à la clientèle.

Les produits trouvés en contravention étaient le Roundup Prêt-à-l’emploi, le Roundup Super Concentré et le Roundup Concentré, ainsi que le Malathion Liquide Insecticide-miticide Concentré, précise le rapport d’infraction.

Les trois verdicts de culpabilité concernent le malathion et deux produits Roundup. Le commerce a reçu 4250 $ d’amendes assorties de 1256 $ de frais, soit au total 5506 $. L’infraction pour le troisième produit Roundup, pour laquelle l’entreprise doit revenir en cour en mai, est passible d’une amende de 1250 $, et d’au moins 308 $ de frais.

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Des produits offerts à la place des pesticides interdits au Mega Centre

Quatorze magasins pris en défaut

Montréal a été la première ville québécoise à interdire la vente de pesticides contenant 36 ingrédients actifs, dont le glyphosate, en janvier 2022.

Le Bureau de la transition écologique et de la résilience (BTER) avait identifié 65 commerces visés par la nouvelle réglementation. À la première tournée d’inspection printanière, 14 d’entre eux, soit plus d’un sur cinq, ont reçu des avis d’infraction.

« Tous ont été inspectés par la suite. Le bilan final est qu’un seul commerce a récidivé », nous a indiqué une porte-parole de la Ville par courriel. C’est ainsi que Mega Centre Montréal a reçu quatre constats d’infraction.

« Notons qu’[à la suite de] la remise des constats d’infraction, le BTER a procédé à une dernière inspection l’automne dernier, le commerce respectait alors la réglementation », a souligné la Ville.

Quelques clients ont demandé des pesticides interdits après leur retrait des rayons, témoigne Mme Di Re. « Surtout pour le Roundup, parce que c’était un produit que les gens connaissaient. On leur proposait une autre solution, un produit qu’on pouvait vendre. »

Dans toute la province ?

Pour réduire l’usage de pesticides en milieu urbain, Québec propose d’allonger la liste des ingrédients actifs interdits de vente au détail dans toute la province. Il y en aurait 61, presque trois fois plus qu’aujourd’hui (22), indique le projet de règlement présenté à la fin de février. Le glyphosate n’apparaît toutefois pas, a dénoncé le réseau militant Vigilance OGM.

En attendant, au moins une autre ville, soit Granby, en Estrie, interdira la vente d’herbicides à base de glyphosate, à partir de juin.

En savoir plus
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    Nombre d’inspections effectuées en 2022 dans les commerces montréalais qui vendent des pesticides. Dix-huit avis d’infraction ont été remis, dont quatre ont donné lieu à des constats d’infraction.
    Source : Ville de Montréal