Une quinzaine de sans-abri ayant établi un campement sous l’autoroute Ville-Marie, au centre-ville de Montréal, et qui étaient menacés d’éviction seront pris en charge par le gouvernement du Québec, qui s’engage à leur trouver des logements adaptés à leurs besoins.

Les sans-abri contestaient en cour l’avis d’éviction qui leur a été transmis au début de mars par le ministère des Transports du Québec (MTQ), qui comptait entreprendre des travaux à l’endroit du campement, près de l’avenue Atwater, d’ici la fin du mois.

Mercredi matin, avant que le juge entende leur demande d’injonction au palais de justice de Montréal, une entente a été conclue entre leurs avocats et ceux du gouvernement du Québec, dans laquelle les autorités acceptent d’entreprendre des discussions « pour trouver, de concert avec les différents partenaires, des solutions pour loger les personnes en situation d’itinérance vivant actuellement dans les campements, le tout dans le respect des besoins et des droits de ces individus ».

« Il n’est pas question de les loger dans des refuges d’urgence, mais de trouver des solutions de logements qui répondent aux besoins de chacun d’entre eux », explique MDonald Tremblay, directeur général de la Clinique juridique itinérante, qui agit comme représentant des campeurs.

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MDonald Tremblay (avec la casquette) en compagnie des avocats d’Osler, Me Éric Préfontaine et MAnabel Semerdzhieva, au palais de justice de Montréal

Certaines personnes ayant des problèmes de santé mentale auront besoin d’accompagnement pour s’installer et conserver un logement, ajoute-t-il.

« On ne parle pas de chiens et de chats. Ce sont des êtres humains. On est au Québec en 2023, mais ils sont traités comme des moins que rien, s’insurge MTremblay. Ça fait des mois que ça dure et le gouvernement ne fait rien, c’est inacceptable. Aujourd’hui, on a une obligation d’agir pour respecter leur dignité humaine et c’est extraordinaire. »

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Michel Chabot, l’un des campeurs

Michel Chabot, 58 ans, l’un des campeurs qui vivent sous l’autoroute depuis plusieurs mois, était au palais de justice pour les procédures. Il dit avoir bon espoir que l’entente conclue lui permettra d’avoir un logement.

« Je ne demande pas grand-chose, juste un un et demie et je serais content », confie-t-il. Atteint d’un cancer, il subit actuellement des traitements de chimiothérapie.

« Je n’en ai peut-être plus pour longtemps, et une de mes craintes, c’est qu’on retrouve ma dépouille dans ma tente mangée par les rats. »

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David Chapman, directeur général de Résilience Montréal

« L’entente est un petit pas pour les droits humains et pour reconnaître la valeur de la vie humaine », se réjouit David Chapman, directeur général de l’organisme Résilience Montréal, qui épaule le groupe de campeurs en leur servant notamment des repas chauds.

Au-delà des actions qui seront entreprises pour trouver des logements aux itinérants de ce campement, Donald Tremblay souhaite que cette situation fasse avancer la réflexion du gouvernement sur la question du droit au logement.

Les parties reviendront devant le juge le 31 mars pour faire état de l’avancement des démarches pour trouver des appartements et services connexes pour les campeurs.

La Clinique juridique itinérante était représentée en cour pro bono par une équipe d’avocats de la firme Osler, menée par Me Éric Préfontaine.