La Société du parc Jean-Drapeau a finalement trouvé les architectes et ingénieurs qui travailleront sur la réhabilitation de la Place des nations, dans l’île Sainte-Hélène, mais devra casser sa tirelire pour les payer.

Après un délai de 10 ans et trois appels d’offres annulés, la quatrième tentative pour trouver les professionnels qui prépareront les travaux a finalement fonctionné, plus tôt cet hiver.

La Place des Nations était le cœur protocolaire d’Expo 67, où les dignitaires étrangers étaient reçus en grande pompe. Les lieux, visibles du pont de la Concorde, sont maintenant en ruine. Le projet consiste en une reconstruction à l’identique.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB PATRIMOINEMONTREAL.COM

La Place des Nations en 1967

C’est le Groupe Marchand Architecture & Design qui a remporté le contrat, avec une proposition de 11,6 millions (en incluant le budget destiné aux imprévus). Quatre architectes montréalais ont confié à La Presse leur surprise devant ce résultat, ce cabinet étant davantage habitué aux projets résidentiels et commerciaux qu’à la réhabilitation patrimoniale.

La Société du parc Jean-Drapeau ne croit pas que l’annulation à répétition des appels d’offres a pu décourager une partie du marché.

« On a eu quand même sept soumissions qui ont été déposées sur le quatrième appel d’offres », a souligné Bertrand Houriez, directeur de la gestion de projet à la Société du parc Jean-Drapeau. « Ça a quand même bien marché. »

Quant à l’expérience de Groupe Marchand Architecture & Design, M. Houriez a insisté pour donner la chance au coureur : « On est au début du projet. On a quand même pas mal de travail à faire. Avant de juger quelqu’un ou une firme, je pense que c’est important de voir ce qu’on pourra faire ensemble. » Il a souligné que le cabinet avait été choisi à l’issue d’un processus de sélection transparent.

« Un effet de saturation »

La Société du parc Jean-Drapeau paiera considérablement plus cher que prévu pour ce contrat : plutôt que 11,6 millions, elle s’attendait à devoir débourser seulement 8,4 millions.

« Un effet de saturation du marché se fait sentir et se répercute dans le prix soumissionné », ont justifié les fonctionnaires municipaux dans un document destiné aux élus. « La période d’inflation et l’imprévisibilité des marchés que l’on connaît actuellement affectent [aussi] l’écart entre l’estimation et la soumission. »

L’attribution du contrat a été approuvée par le comité exécutif de Valérie Plante, le mois dernier.

Le projet de réhabilitation de la Place des Nations avait d’abord été annoncé en 2013. Il devait être réalisé à temps pour le 375e anniversaire de Montréal, quatre ans plus tard, mais a été abandonné en cours de route. Le projet actuel est né sur les cendres du dernier en 2020.

Le budget global voté pour ce projet de réhabilitation a été fixé à près de 75 millions en 2021.

« Nous sommes inquiets pour l’avenir du projet d’envergure de rénovation de la Place des Nations, a commenté le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem. L’administration Plante est passée par quatre appels d’offres avant d’avoir pu aller de l’avant avec une firme qui ne serait même pas spécialisée dans les travaux de bâtiments patrimoniaux. »

Il a ajouté : « Plus inquiétant encore, c’est que l’administration Plante n’a pas encore reçu la confirmation des ordres de gouvernements supérieurs pour financer une partie importante du projet tel qu’annoncé en 2021. »