Les partis de l’opposition de Laval ont tiré mercredi à boulets rouges sur l’administration du maire Boyer, l’accusant d’être incapable de livrer de grands projets, au moment où la Ville vient d’abandonner le projet d’usine de biométhanisation en raison des coûts trop élevés.

« Au final, l’administration Boyer aura préféré prioriser le projet de complexe aquatique au détriment du projet d’usine de biométhanisation et du dépassement des cibles environnementales. Tout est une question de coût de renonciation. Le maire Boyer a fait des choix que nous remettons sérieusement en question aujourd’hui », martèle l’opposition officielle, le Parti Laval, dans un communiqué paru mercredi.

D’après la formation, le maire Boyer « contrôle le message, divulgue les informations qui lui plaît bien de rendre publiques et évite de mentionner certains détails » entourant l’usine. « L’échec assuré du projet était connu à l’interne depuis des mois, mais on n’en a jamais parlé aux élus. Malheureusement, l’incapacité à réaliser les projets de grande envergure semble être la norme à Laval », poursuit-on.

Mardi, La Presse rapportait que dans un contexte inflationniste, l’infrastructure aurait coûté plus de 400 millions, selon le maire Stéphane Boyer, qui promet d’ici quelques mois une « nouvelle stratégie » pour traiter les matières. En 2019, à l’époque où un premier appel d’offres lancé pour construire l’usine n’avait attiré aucun soumissionnaire, le projet avait été évalué à 244 millions.

« Il y a trop de risques financiers et techniques. Soyons clairs : on garde la même ambition de réduire nos GES, mais ça ne se fera pas par la biométhanisation », a expliqué M. Boyer en entrevue.

Des taxes « gaspillées »

Chez Action Laval, on soutient que « des entreprises fleurissent » pourtant dans le secteur de la technologie de la biométhanisation partout dans le monde. « Le problème semble plutôt être dans la gestion du projet. Le maire poursuit dans sa hausse des taxes pour financer les échecs de ses idées de méga-infrastructures », affirme le parti dans une missive.

« [Le maire Boyer] ose annoncer cela la semaine même que les citoyens reçoivent leur compte de taxes. J’espère que les citoyens prendront note de la manière dont leurs taxes sont gaspillées ! », illustre le chef par intérim d’Action Laval, Achille Cifelli, dans une déclaration.

M. Cifelli soutient qu’il « aurait d’abord visité les sites où cette technologie est un succès afin d’en comprendre les enjeux et comment ce projet pouvait être réalisé, plutôt que de faire un jeu d’essais-erreurs avec les deniers des citoyens ».

« Cinq millions pour réaliser que la technologie ne semble pas prête, ça démontre l’inexpérience en gestion de cette administration », a aussi condamné le leader au conseil d’Action Laval, David De Cotis, en référence aux cinq millions qui avaient déjà été investis dans le projet d’usine, surtout en études, devis et autres documents techniques, notamment.

Au cabinet de M. Boyer, on réitère que de mettre fin au projet d’usine de biométhanisation « est une décision responsable et pragmatique pour les contribuables lavallois ». « Je n’ai pas peur de prendre les décisions difficiles qui s’imposent. […] Composter les matières organiques coûte environ 50 $ la tonne, alors que les plus récents projets de biométhanisation coûtent plus de 200 $ la tonne », a dit le maire.